Le Goncourt des Lycéens : une aventure pour 2000 jeunes jurés, verdict jeudi
Près de trente ans après son lancement, le Goncourt des Lycéens est devenu l'un des plus prestigieux prix littéraires de l'hexagone. Il viendra clore la saison jeudi.
Dissocié depuis quelques années du Goncourt officiel décerné la semaine dernière, le Goncourt des Lycéens sera dévoilé jeudi à Rennes à l'issue de deux mois de travail studieux et de longues délibérations, un prix attendu des éditeurs car très prescripteur auprès des lecteurs.
Pas de Dubois dans la liste finale des lycéens
Mardi en fin d'après-midi, dans un restaurant de Rennes aux lourds rideaux de velours, un jeune lycéen a rendu publique la liste des huit titres retenus à l'issue des six délibérations régionales tenues le même jour.
Le prix 2019 du Goncourt des Lycéens sera proclamé parmi les auteurs suivants "présentés par ordre alphabétique", a-t-il dit : Santiago H. Amigorena, pour Le ghetto intérieur (P.O.L.), Nathacha Appanah, pour Le ciel par-dessus le toit (Gallimard), Louis-Philippe Dalembert, pour Mur Méditerranée (Sabine Wespieser), Amélie Nothomb, pour Soif (Albin Michel), Anne Pauly, pour Avant que j'oublie (Verdier), Abel Quentin, pour Soeur (L'Observatoire), Sébastien Spitzer, pour Le coeur battant du monde (Albin Michel), Karine Tuil, pour Les choses humaines (Gallimard).
A noter que les jeunes jurés n'ont pas retenu dans leur liste finale le Goncourt 2019, attribué début novembre par la célèbre Académie à Jean-Paul Dubois pour Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, aux éditions de L'Olivier.
Le marathon
Environ 2.000 lycéens, appartenant à une cinquantaine d'établissements scolaires dans tout le pays, dont un lycée de Fort-de-France (Martinique), ont été embarqués dès la rentrée de septembre dans l'aventure par leurs professeurs, sous la houlette du ministère de l'Éducation nationale et de la Fnac.
Des jeunes issus d'horizons très divers : du lycée agricole de Rodilhan (Gard) à de prestigieux lycées parisiens, de filières générales comme professionnelles, de classes de seconde à des BTS, de l'enseignement public comme privé.
Tous ont planché pendant deux mois sur la première sélection de l'Académie Goncourt, rendue publique début septembre. Soit quatorze romans, dont certains ont déjà été récompensés ces dernières semaines par d'autres prix, ou portés par des auteurs dotés d'une large surface médiatique, quand d'autres, encore restés confidentiels, peuvent espérer atteindre le grand public grâce au choix des lycéens.
Après trente ans d'existence - le prix a été créé à Rennes en 1988 -, la formule est bien rodée : un mois de septembre consacré à la lecture, suivi par sept rencontres régionales (Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Nancy, Paris, Rennes et Toulouse), organisées dans la première quinzaine d'octobre entre les auteurs de la sélection et les lycéens.
Puis, la réunion mardi des jurys régionaux avant le grand jour, jeudi, toujours à Rennes où chacun des jurys régionaux aura envoyé deux délégués, pour la proclamation du résultat final. Le prix Goncourt des Lycéens viendra ainsi clore la saison des prix littéraires.
Incitation à la lecture
Pour ce prix très particulier, les enseignants auront multiplié les initiatives pour amener des jeunes parfois réticents à la lecture. Salle réservée aux participants, dans un emplacement bien visible au sein de l'établissement, transats sur les pelouses pour une lecture au soleil en profitant des belles journées d'automne, "cafés littéraires" ou "défis +lecture+" au sein du lycée, etc...
On a même vu, selon le témoignage d'enseignants, une documentaliste mener une opération Goncourt "Hors les murs" à la Toussaint, en se rendant dans plusieurs communes avec un bibliobus pour que les livres puissent continuer à circuler pendant les vacances.
Un prix très prescripteur
L'an dernier, Louise Le Flahec, alors en 1ère L au lycée Fulgence-Bienvenüe de Loudéac (Côtes-d'Armor), a déjà participé à l'opération qu'elle renouvelle avec plaisir cette année en terminale: "c'est la meilleure expérience de ma scolarité", assure-t-elle. "Ça nous a amenés à faire plein de choses ensemble, à créer des événements au lycée (...) Et maintenant, on lit beaucoup plus !"
Selon une récente étude GfK menée sur la période 2014-2018 pour la revue spécialisée "Livres Hebdo", le Goncourt des lycéens s'écoule en moyenne à 314.000 exemplaires, un peu derrière le prix Goncourt (367.100) mais loin devant les autres prix.
L'an dernier, les lycéens avaient décerné leur prix à David Diop pour Frère d'âme (Seuil).
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