Hors podiums, la Paris Fashion Week investit espaces culturels, galeries et nouveaux lieux

Hors podiums de la Fashion Week féminine – où 109 créateurs présentent leur collection automne-hiver 2024-25 du lundi 26 février au mardi 5 mars –, c'est Paris qui bouillonne de lieux où la création de mode est à l'honneur.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
L'œuvre "Here is a Gale Warning", 1971, de Rose Finn-Kelcey, présentée à l'exposition Saint Laurent Babylone à Paris, février 2024. (ROSE FINN-KELCEY)

Hors podiums, Paris est un vivier créatif. Pas besoin de cartons d'invitations aux défilés pour profiter, entre autres, des photographies de Rose Finn-Kelcey à l'espace culturel Saint Laurent Babylone, de celles de la lauréate du Grand Prix 2023 à la galerie Fisheye et d'autres oubliées des années 1930 de Frederick Stevens Rockwell chez Art Resarch Paris.

Vous trouverez aussi des créations de mode et d'accessoires à la galerie Dior et à celle du patrimoine Van Cleef & Arpels, sans oublier, entre autres, chez Ikea une carte blanche aux jeunes designers de Casa93. Suivez le guide.

L'espace culturel Saint Laurent Rive Gauche

L'espace culturel Saint Laurent Babylone (9 rue de Grenelle) offre une collection diversifiée et mondiale de livres, d'art et de musique. À l'occasion de son ouverture début février, le directeur artistique Anthony Vaccarello a voulu saluer le travail de Rose Finn-Kelcey, figure emblématique de la performance et des communautés artistiques féministes des années 1970 au Royaume-Uni. Depuis son décès en 2014, son travail – qui se concentre essentiellement sur les performances qu'elle a mises en scène au cours de sa vie – existe sous forme de vidéos et de photographies. Ses œuvres font partie des collections permanentes du MoMa, de la Tate Britain, de la National Portrait Gallery, et ont été exposées au Royaume-Uni et en Irlande.

Une œuvre de Rose Finn-Kelcey présentée à l'exposition Saint Laurent Babylone à Paris, février 2024. (ROSE FINN-KELCEY)

L'exposition accueille jusqu'au 29 février quatre œuvres de la série Restituée à son état naturel en grignotant pétales de rose (1977) présentée l'année dernière lors du Frieze Masters, à Londres.

Annabelle Foucher, prix Picto de la photographie de mode

Dans le cadre du prix Picto de la photographie de mode, la Fisheye Gallery présente les photographies de la lauréate du Grand Prix 2023, Annabelle Foucher, tout le mois de mars. L’étoffe de l’être réunie une sélection d’images issue des deux séries primées Empreinte et distanciation sociale. Cette exposition dévoile un monde de sensations où le corps et le tissu se fondent : dans chaque image, la chair et le textile s’entrelacent dans une danse éphémère. Les plis du tissu deviennent des paysages intérieurs, des territoires explorés par le temps et l’expérience humaine. Chaque instant est une méditation sur la fragilité de l’être, sur la beauté éphémère de l’existence.

Annabelle Foucher, photographe indépendante de 30 ans, a remporté le Grand Prix Picto de la photographie de mode en 2023 et figure parmi les finalistes du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires d’Hyères 2024. "Sa démarche artistique se caractérise par une transfiguration du quotidien, conférant une dimension insolite et singulière à des éléments anodins ou habituels. Elle discerne fréquemment la beauté dans la simplicité des choses, dans leur essence brute, qu’elle s’efforce de révéler aux autres. Pour elle, la notion même de beauté réside dans les contrastes et les ruptures, dans l’assemblage d’éléments qui sembleraient à première vue incongrus les uns avec les autres" indique la galerie.

Des photos oubliées de Frederick Stevens Rockwell

La collection de 150 photographies des années 1930 de Frederick Stevens Rockwell est présentée au 174 rue du faubourg Saint-Honoré, l'espace d'une soirée. C'est un avant-goût de la vente aux enchères Art Research Paris prévue en juin.

Très connu en son temps, ce photographe oublié a fait la une de Time Magazine avec un portrait d'Elsa Schiaparelli en 1934. Les reproductions de ses photographies sont présentes dans des revues anglaises telles que The Sketch ou The Sphere. Il a réalisé la première campagne publicitaire pour Coca-Cola lors de l'installation de la compagnie à Paris, en 1931.

Diana Vreeland, vers 1930, future directrice de "Harper’s Bazaar", tirage 1933. (FREDERICK STEVENS ROCKWELL)

Frederick Stevens Rockwell a épousé en 1925 la rédactrice de mode Grace Corson, aux Etats-unis, qui lui a apporté les bons contacts parisiens : Elsa Schiaparelli, Maggy Rouf, Lucien Lelong, Edward Molyneux, Maria Guy, Charles Worth... mais aussi la possibilité de réaliser plusieurs photos de Diana Vreeland. Après sa séparation avec cette pionnière américaine de la mode – à l’origine de son séjour parisien et avec qui il a vécu le tourbillon des Années folles dans la villa Léandre à Montmartre –, il est reparti en Amérique où il a reconstruit une famille et une vie professionnelle. Grâce Corson est, quant à elle, rentrée à New York en 1935. Son rôle dans l’histoire de la mode a été l’objet de nombreux articles.

La Galerie Dior, un peu d'histoire

Frustré de ne pas assister au défilé de la marque, direction un lieu qui témoigne de l’audace visionnaire de Christian Dior et de ses successeurs : sa Galerie jouxtant la boutique du 30 avenue Montaigne, qui abrite les ateliers de la maison où sont nées pendant soixante-dix ans les collections. Lieu d’art(s) et de mémoire, de Christian Dior à Maria Grazia Chiuri, ce musée incarne aussi bien l’esprit de la couture parisienne que l’aura d’une maison en perpétuel mouvement. La dernière rotation (exposition), qui mêle histoire et ADN, accueille les collaborations entre Dior et les artistes femmes. Ici, les œuvres de Lillian Bassman, Elina Chauvet, Judy Chicago, Maya Goded, Constance Guisset, Katerina Jebb, Eva Jospin, Brigitte Lacombe, Claude Lalanne, Sarah Moon, Brigitte Niedermair, Shourouk Rhaiem, Niki de Saint Phalle ou Yuriko Takagi se succèdent, proposant un voyage poétique et une lecture inédite de l’histoire de la maison.

Van Cleef & Arpels et le Japon : une rencontre artistique

La galerie du patrimoine du 20 place Vendôme accueille jusqu'au 17 juin l’exposition Van Cleef & Arpels et le Japon : une rencontre artistique qui met en scène les inspirations japonaises ayant influencé la maison des années 1920 à nos jours. Trente pièces réalisées entre 1923 et 2012, issues de la collection patrimoniale, ainsi que des documents d’archives, sont présentés.

En Europe, la seconde moitié du XIXe siècle est marquée par un courant artistique que le critique français Philippe Burty nomme Japonisme. Dès les années 1920 et jusqu’à ce jour, l’Empire du soleil levant fascine les créateurs de la maison : ils en reprennent les motifs et les symboles, traduisent les techniques et les matières, détournent et adaptent les objets.

Depuis sa création en 1906, Van Cleef & Arpels a célébré cette inspiration japonaise avec l'un de ses principaux motifs : les papillons laqués. Symbole d’une nature en mouvement, ils virevoltent depuis de collection en collection, dans une variété de dessins et de matériaux. Depuis 2004, la maison donne carte blanche à Hakose San, maître laqueur japonais, pour en concevoir les motifs. 

35 ans du prix de l'Andam : que sont-ils devenus ?

Ce concours de mode pour jeunes créateurs, fondé en 1989 par Nathalie Dufour, grâce au soutien du ministère de la Culture et du Defi, célèbre son 35e anniversaire. Le prix de l'Association nationale pour le développement des arts de la mode est parrainé, cette année, par Anthony Vaccarello, directeur créatif de Saint Laurent qui présidera le jury. C’est la première fois que la présidence est confiée à un créateur, puisqu’habituellement ce rôle revient au PDG de l’une des maisons de mode partenaire du concours.

Au menu des événements de ce 35e anniversaire, une soirée chez Maxim’s avec WSN, partenaire de l’Andam, et le salon Première classe qui fête aussi ses 35 ans, mais surtout tout au long de cette année des posts sur Instagram sur ses anciens lauréats, sur le thème "Que sont-ils devenus ?" avec des images d’archives et des informations sur leur actualité.

Ikea+ : du design avec les élèves de Casa93

Du 29 février au 3 mars, au 28 rue de Lappe, s'installe Ikea+, une programmation artistique et culturelle explorant les thèmes de l’expression de soi, de la représentation, mêlant musique, art, design, mode et vie à la maison.

Tremplin pour la nouvelle génération, Ikea a donné carte blanche à la formation de mode alternative Casa93. Ivann Halleur, Gitroïna Isaac, Raphale Nahon, Loreny Tanda, Eva Louisa N’Kie et Juliette Willemet ont collaboré avec les équipes créatives Ikea pour donner vie à des espaces artistiques mêlant les accessoires de décoration de la marque à leur expertise du textile et du stylisme.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par IKEA FRANCE (@ikeafrance)

"Ce projet avec Casa93 est une excellente façon de mêler design d’intérieur et mode en célébrant l’expression de soi. Nous savons grâce à notre étude sur la vie à la maison, que nous sommes plus susceptibles de nous sentir bien chez nous lorsque notre intérieur reflète notre personnalité. Ainsi, nous espérons donner aux jeunes générations le pouvoir de devenir les stylistes de l’endroit qu’ils appellent chez eux", a confié Lorenzo Meazza, Leader Creatif Ikea.

Le nouveau flagship Issey Miyake

Issey Miyake ouvre son nouveau flagship au 28 rue François-1er, qui remplace celui de la rue Royale. Ici sont réunies toutes les lignes de la marque japonaise et pour la première fois à Paris, A-POC ABLE, sa nouvelle marque.

Boutique Issey Miyake, à Paris, février 2024. (OLIVIER BACO)

La boutique met en avant la joie et la créativité des concepts fidèles à l’univers de la marque japonaise. Précédemment occupé par le studio de radio Europe 1, cet immeuble accueille une boutique pour la première fois. Entièrement restructuré et rénové, l’espace intérieur de 360 m2 se déploie sur deux étages et met en avant la lumière naturelle traversante. Seule la façade à l’élégance parisienne a été conservée.  Réalisé par le designer Tokujin Yoshioka, l’aménagement intérieur offre une esthétique pure et lumineuse extrêmement moderne. Deux murs sont recouverts d’aluminium anodisé et révèlent une teinte orange faite sur mesure, aussi chaude et éclatante que la lumière du soleil, créant un espace futuriste à l’énergie débordante.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.