JO 2024 : Jeanne Friot, Robert Mercier, Clara Daguin... La nouvelle garde de la création française a montré son talent lors de la cérémonie d'ouverture

Une dizaine de jeunes créateurs et créatrices se sont illustrés dans l'ombre des stars pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet. Le spectacle orchestré par Thomas Jolly a fait la part belle à la création tricolore.
Article rédigé par Corinne Jeammet - Avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
Floriane Issert, officier de Gendarmerie nationale, sur un cheval de métal, parcourt la Seine lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques Paris 2024, le 26 juillet 2024. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

Lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le vendredi 26 juillet, la jeune garde de la création française a montré discrètement, mais résolument, son savoir-faire lors de plusieurs tableaux.

Les acrobates du pont Neuf étaient habillés par Charles de Vilmorin, les mannequins du défilé façon Fashion Week sur la passerelle Debilly par des étoiles montantes de la mode – Alphonse Maitrepierre, Vincent Frédéric-Colombo, Gilles Asquin, Viktor Weinsanto, Kevin Germanier, Solène Lescouët et The Frankie Shop – et la chanteuse Juliette Armanet était vêtue d'une création collaborative entre Dior et Clara Daguin. Quant à la cavalière chevauchant la Seine qui a tant marqué les esprits, sa tenue était signée Jeanne Friot et Robert Mercier. "Je ne remercierai jamais assez Thomas Jolly et Daphné Bürki d'être venus nous chercher, nous, la jeune création française (...) et de nous avoir laissé une liberté totale", souligne Jeanne Friot. "Nous mettre tous en avant alors qu'on est dans une période post-Covid et dans un contexte économique et social pas évident... On ne peut que les remercier."

Les broderies lumineuses de Clara Daguin

Pour la cérémonie d'ouverture, de grandes stars ont porté du Dior : Céline Dion, Lady Gaga, Aya Nakamura et Axelle Saint-Cirel. Dior a cependant signé une collaboration avec la créatrice Clara Daguin pour la prestation de Juliette Armanet. En compagnie du pianiste Sofiane Pamart, la chanteuse a interprété le symbolique Imagine, titre culte de John Lennon – ode à la paix, à l'espoir et à l'universalité. Dressée sur un bateau voguant sur la Seine, elle apparaissait dans une tenue pensée par Maria Grazia Chiuri, réalisée par les ateliers de Dior, en collaboration avec Clara Daguin.

Cette création singulière – composée d'un haut et d'un pantalon en toile enduite vernie noire – se rehaussait d'une multitude de perles toupies facettées s'illuminant grâce à un ingénieux système de programmation, poétique évocation de l'étincelle de l'espoir qui éclaire l'obscurité. La lumière des broderies s'activant au rythme de la chanson, savoir-faire signature de Clara Daguin.

Cette créatrice, qui est née en France mais a grandi dans la Silicon Valley en Californie, s'empare de ces deux cultures pour son travail où s'entrelacent savoir-faire et technologie, broderie et électronique, naturel et artificiel. Elle se sert de la mode pour explorer comment la technologie accompagne nos corps – digitalisation, dématérialisation, surveillance – et utilise la lumière tel un matériau. Elle a créé sa marque en 2017, à l'issue de sa participation au Festival international de mode, de photographies et d'accessoires d'Hyères, et collabore également avec des artistes, des chercheurs et des institutions.

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La cuirasse en cuir de Jeanne Friot et Robert Mercier

Un des moments marquant de la cérémonie a été l'incroyable chevauchée de la cavalière en tenue argentée sur la Seine, à la nuit tombée. Jeanne Friot est à l'origine de la cape à capuche argentée en collaboration avec Robert Mercier, spécialiste du cuir au sein des grandes maisons de luxe qui travaille régulièrement avec les métiers d'art.

Le sellier maroquinier a créé son entreprise en 2015 sous le nom de Gienah. Il puise son inspiration dans des univers aussi variés que ceux de Francis Bacon et Pierre Soulages, d'Alexander McQueen et Rick Owens, ainsi que dans le cinéma de Stanley Kubrick et d'Alfred Hitchcock. De son côté, après l'ESAA Duperré – où elle lie image, musique, art et mode – puis l'Institut français de la mode, Jeanne Friot a lancé sa marque en 2020 à Paris, basée sur des valeurs qui lui sont proches : inclusive, non genrée et made in France. La créatrice produit des pièces en édition limitée fabriquées à partir de matériaux recyclés ou upcyclés. Elle s'approvisionne localement : stocks morts, tissus écologiques.

"C'est sûr que ça va être un énorme coup de boost et je le sens déjà de par l'attention médiatique. Je sens que ça va changer beaucoup de choses", s'enthousiasme Jeanne Friot. "Il y a quand même des milliards (sic) de gens qui ont entendu mon nom", insiste la créatrice de 29 ans qui a vu son compte Instagram "exploser" avec 20 000 nouveaux abonnés, culminant désormais à 37 000 followers, et a enregistré "pas mal de ventes" sur son site internet. "Ce ne sont pas des grosses pièces, mais c'est toujours cool, ça fait toujours du bien", estime-t-elle. Plus que les ventes, Jeanne Friot espère surtout que cette exposition médiatique "amène d'autres projets".

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L'esprit festif de Gilles Asquin, Arthur Robert et Alphonse Maitrepierre

"Il y a vraiment des très, très belles retombées grâce à la cérémonie", se réjouit le créateur Gilles Asquin, qui a participé au défilé aux côtés d'Alphonse Maitrepierre, Victor Weinsanto, Solène Lescoüet et Kevin Germanier.

Pour le tableau intitulé "Festivité", style défilé de Fashion Week sur la passerelle Debilly, il a conçu la combinaison strassée bleu-blanc-rouge portée par la mannequin transgenre Raya Martigny ainsi que la tenue de la DJ Barbara Butch, mise à l'honneur dans le tableau controversé incarné par des drag queens. "La polémique, ça m'a pas mal aidé à diffuser, l'air de rien", souligne-t-il tout en déplorant être victime de cyberharcèlement et de menaces, à l'instar de Barbara Butch qui a porté plainte. Gilles Asquin croit que la cérémonie va marquer un tournant dans sa carrière. "Je pense que l'année prochaine va être différente", avance-t-il. Depuis la cérémonie d'ouverture, le créateur a reçu au moins cinq commandes de particuliers pour des combinaisons. "Ça paraît peu, mais c'est du sur-mesure, alors c'est très bien. Ce sont de très beaux projets", précise-t-il.

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Arthur Robert, derrière la marque Ouest Paris a signé quant à lui deux tenues pour le défilé, dont celle portée par le breakeur Bboy Haiper qui se déplace et danse avec ses béquilles. "Nous avons vu un vrai effet en termes d'exposition, avec beaucoup de mentions et de suivis Instagram."

Fondateur du label C.R.E.O.L.E, Vincent Frédéric-Colombo, qui a défilé avec l'une de ses créations, note également une augmentation des visites sur son site internet. Des chiffres toutefois "moindres par rapport à ceux enregistrés lors des Fashion Weeks".

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