Guerre à Gaza : la scène rap multiplie les projets caritatifs en soutien aux victimes palestiniennes

Deux récentes mixtapes collaboratives, issues de la scène rap française émergente, sont les dernières nées de ces initiatives musicales.
Article rédigé par Mehdi Magueur
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le rappeur Alpha Wann, discret ces dernières années, s'est produit sur scène à l'occasion du concert "Solidarité Palestine" le 22 mai 2024 au Zénith de Paris. (CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE / COLOMBIEN)

Une star internationale ou un collectif d'artistes plus confidentiels, la scène hip-hop mondiale s'investit pour Gaza ces derniers mois. L'enclave est en proie à une crise humanitaire depuis que la guerre a éclaté suite à l'attaque terroriste du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, le 7 octobre 2023. Les autorités israéliennes ayant juré d'en finir avec le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Ces attaques "ont coûté la vie à 1 200 personnes dont 37 enfants", indique l'Unicef. "Au 9 août, on estime qu'encore 134 personnes sont retenues en otage, dont 2 enfants. À Gaza,"39 699 personnes auraient été tuées, dont plus de 14 100 enfants et 9 000 femmes" par les frappes israéliennes. "Un enfant est blessé ou tué toutes les dix minutes" dans l'enclave.

Une chanson pour Hind Rajab

C'est à une fillette que le rappeur américain Macklemore rendait hommage en mai dernier avec Hind's Hall. Le titre, rappelle l'AFP, s'inspire d'un bâtiment de l'université américaine de Columbia, à New York, occupé par les étudiants en soutien aux Palestiniens et rebaptisé en mémoire de Hind Rajab. La fillette palestinienne de 6 ans a été tuée à Gaza par un tir israélien en janvier dernier. Les circonstances de son décès ont suscité une vive émotion partout dans le monde.

L'artiste américain avait alors affirmé que les bénéfices de ce titre seraient entièrement reversés à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Une agence dont le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, ne cesse de rappeler le rôle crucial alors que son mandat est critiqué.

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Dans son ode à la libération des territoires palestiniens, occupés illégalement d'après la Cour internationale de justice, Macklemore tacle aussi une industrie musicale qu'il juge trop prudente sur la question. Mais bien avant la sortie de Hind's Hall, le collectif français "It's Not About Us" préparait un grand concert à Paris pour soutenir les Palestiniens.

Concerts solidaires

Initié par le rappeur Tif, l'événement "Solidarité Palestine" s'était félicité d'avoir réuni des dizaines de rappeurs, parmi lesquels Zamdane, Alpha Wann, PLK, Khali, Deen Burbigo ou Soolking. "Cela fait des semaines, des mois, des années, que nous regardons impuissant.es le drame qui se déroule sous nos yeux à Gaza et en Palestine", déplorait le collectif sur Instagram.

Le public a répondu présent à son appel : les 6 800 places ont été vendues en moins de dix heures. L'événement, qui s'est déroulé au Zénith de Paris le 22 mai 2024, a été une réussite. Au total, 181 390 euros ont été récoltés dans une cagnotte destinée à l'ONG Medical Aid For Palestinians. Le concert, lui, a été enregistré et diffusé sur la chaîne Twitch du créateur de contenus Nico Colombien, désormais disponible sur Youtube.

Un autre concert organisé par le collectif "Voices for Gaza", le 1er juillet, avait rassemblé plusieurs grands noms de la chanson française à la Cigale, dont le rappeur Disiz. Les recettes de la billetterie avaient également été reversées à l'ONG Medical Aid for Palestinians.

Deux projets plus récents, passés inaperçus, ont par ailleurs vu le jour. Le premier, Pray 4 Palestine, est une mixtape de douze titres diffusée le 26 juillet sur toutes les plateformes d'écoute. Elle réunit de jeunes rappeurs peu connus. Un site a été lancé en parallèle afin de vendre des produits dérivés liés au projet.

L'initiative vise à soutenir la cagnotte "Urgence à Gaza" de Life ONG qui opère en Palestine depuis dix ans. L'organisation humanitaire doit aujourd'hui faire face à une situation d'urgence où les Gazaouis sont privés de tout : eau, électricité, gaz, nourriture et de soins médicaux.

Le 31 juillet, c'était au tour de la Cœur Tape d'être proposée au public. Une idée qui a germé dans l'esprit de l'artiste lyonnais M4tias. "Touché par la situation actuelle en Palestine et le génocide orchestré par le gouvernement israélien sur le peuple palestinien, j'ai souhaité apporter mon soutien à mon échelle", écrit l'artiste sur Instagram.

À l'instar de Pray 4 Palestine, le jeune artiste réunit des noms issus du rap émergent, encore inconnus du grand public. Pour un certain nombre d'entre eux, c'est encore sur la plateforme SoundCloud qu'ils publient leurs projets, en espérant se faire connaître davantage. Ledouble, Surprise, Samir Flynn ou encore OG Lounis participent au projet. La mixtape, composée de 24 titres, reflète bien ce nouveau rap aux sonorités empruntées avec enthousiasme à l'univers des musiques électroniques.

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L'intégralité des gains générés avec Cœur Tape, venant des streams et des achats sur iTunes, seront reversés à la cagnotte créée par Mohammed Qudaih, un étudiant de Gaza âgé de 19 ans. Le jeune homme cherche à réunir de l'argent afin de fuir la région avec sa famille comme beaucoup de ses compatriotes. Via Instagram, M4tias a pu établir un contact direct avec l'étudiant palestinien. "L'idée sera par la suite d'organiser un ou plusieurs concerts. De créer et vendre [des produits dérivés] afin de générer le plus de fonds possibles", espère le rappeur lyonnais.

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