Rock en Seine 2022 : de The Blaze à Tame Impala, revivez nos concerts préférés du troisième jour du festival
Le festival Rock en Seine commencera à débarrasser la pelouse du Domaine de Saint-Cloud lundi 29 août. En attendant, la fête n'est pas finie. Alors revivez avec nous quatre concerts qui ont rythmé l'avant-dernière journée de Rock en Seine, des entraînants The Blaze à l'addictif rock psychédélique de Tame Impala. Récit.
Après un premier jour sous le signe des riffs criards et du rock anglais, un second entrouvrant les portes à une famille musicale élargie, la troisième journée du festival Rock en Seine au Domaine de Saint-Cloud a été l'occasion de convier un bon nombre de cousins éloignés des rockeurs. De la pop onirique, de l'électro nostalgique, du rap suave, et du rock psychédélique : ce samedi 27 août, on vous offre les coups de cœurs qui ont surpris, bercé, et ravi nos oreilles à Rock en Seine.
La bulle November Ultra
17h45. Plus un bruit dans la foule. Sur la scène intimiste du Bosquet, toutes les oreilles sont rivées sur une voix angélique, ornée d’une fine mélodie de piano. La berceuse nostalgia / ultra se fait délicatement entendre. Aucune résistance possible : l’étreinte mélodieuse de November Ultra va envoûter les cœurs des festivaliers pour les 45 prochaines minutes. "Salut Rock en Seine ! Si on m’avait dit qu’un jour je pourrais dire ça." La chanteuse française de 33 ans est seule sur scène, émue et attaquée par un soleil de plomb. Pourtant, la "bedroom pop" ("pop de chambre") de Nova (son surnom) attire irrémédiablement le public dans son havre musical.
Que ce soit à la guitare Gretsch ou au synthé, November Ultra étire sa bulle ouatée autour de milliers de festivaliers conquis. Open arms, the end, le manège (ou “le ménage” comme disent les Américains selon elle)... Puis son tube soft and tender : toute la pop-folk de son premier album Bedroom Walls (sorti en avril) offre un moment suspendu au festival. Au premier rang, certains laissent les frissons (et même quelques micro-larmes) envahir leurs corps. Sûrement touchés par la justesse et la spontanéité d’une chanteuse souvent blagueuse. Le sourire de Nova irradie : "On est entre amis non ?”
La communion de The Blaze
Si certains ne quitteront pas les secousses quasi-techno de Jamie XX sur la grande scène, d’autres commencent à s'éloigner doucement. Direction la scène Cascade et The Blaze. Le choix de la fête plutôt que du club. En pleine ascension jusqu’aux sommets de l’électro depuis leur premier album Dancehall en 2018 (récompensé par une Victoire de la musique), les deux cousins français se font face. Clavier solennels, spots de lumières chaudes, chœurs masculins, puis basses et kicks efficaces. En quelques instants, la fosse vibre aux rythmes des notes parfois house, parfois électro-pop, et toujours entraînantes de Guillaume et Jonathan Alric. She, Runaway, Places… Transportées par la communion musicale, des milliers de personnes lâchent prise.
Certains préfèrent même garder les yeux clos,comme Maël, "réconforté" par les mélodies "nostalgiques" du duo. D’autres se laissent emporter par un voyage rendant indissociable le visuel de l’auditif. Derrière les cousins, une demi-douzaine d’écrans pivotent au gré des images et des danses de lumières, appuyant chaque morceau. Des extraits de clips, des dessins en noir et blanc, des palettes de couleurs incandescantes… Leur talent indéniable pour la vidéo (s'exprimant par exemple dans le clip de l’hypnotique morceau Virile) se transpose dans la scénographie. Après l’épopée visuelle de Kraftwerk, et avec l’anneau éblouissant de Tame Impala à venir, la facture électrique de Rock en Seine commence à chiffrer. Mais le show en vaut la chandelle (ou les ampoules).
Lala &ce ou le coup de sirocco
Quinze minutes que l’on attend, et toujours rien. "Ah bah ça, ce sont les rappeurs hein, faut pas être pressé", s’étrangle à notre oreille un photographe visiblement las d’attendre la venue de la rappeuse Lala &ce. Le public lui n’a pas l’air de s’en plaindre, bien trop ambiancé par la DJ qui s'active au-dessus de sa table de mixage. Une silhouette arrive sur scène dans une démarche assurée. Crinière blonde platine, mini jupe en cuir et cuissardes en latex aux pieds, la danseuse annonce la couleur. Après le vent de fraîcheur amené par November Ultra, Lala &ce risque de provoquer un coup de sirocco sur la scène du Bosquet.
À l’instar de son dernier album SunSystem, elle ouvre sur Du bon temps, portée par le chant de quelques fans aux premiers rangs. "Show me some love", demande-t-elle, d’une voix maquillée d’auto-tune, que l’on aurait aimé plus brut lors de ses interactions avec le public. Que ce soit sur Control ou Wet, Lala &ce prouve encore une fois que ses paroles torrides sont taillées pour rapprocher les corps. Difficile pour nous aussi de résister à l’appel du sensuel Nectar, mais le rock psychédélique de Tame Impala à l’autre bout du domaine nous attire comme le chant des sirènes.
Les magiciens de Tame Impala
"Kevin, Kevin, Kevin". Avoir la cage thoracique comprimée contre les barrières n’empêche pas aux véritables fans d’avoir du souffle pour acclamer Kevin Parker, tête pensante de la formation Tame Impala. Sur scène, un anneau immense flotte au-dessus des claviers et des cordes. Son utilité est obscure, mais connaissant l'univers de l’artiste, on se doute bien que l'engin qui domine la scène est un heureux présage. Les lumières s’éteignent, la foule en délire hurle. Au fond de la scène, une vidéo diffuse le message d’une jeune femme au look aseptisé, qui rappelle volontairement celui d’une mauvaise pub pharmaceutique. Les cris couvrent le discours, mais du peu que l’on parvient à entendre, on comprend qu’on est sur le point d’expérimenter un tout nouveau traitement. Peu à peu, le visage de l’hôte se déforme, son discours ralentit. "C’est quoi ce délire, on dirait un bad trip", entend-on dans l’assemblée.
Kevin Parker apparaît, jean, T-shirt et chemise à fleurs sur le dos. Les mains jointes, il salue comme à son habitude un public assoiffé de sa verve psychédélique. À ses côtés ses musiciens dont le batteur français Julien Barbagallo, "le meilleur batteur du monde" selon l’australien, visiblement à l'aise en français. L'espèce d’anneau-soucoupe volante s’illumine et jette une lumière rougeâtre sur les visages des festivaliers. La voix juvénile de Kévin jaillit et nous transcende dès les premières notes.
Breathe Deeper, Elephant, Eventually, Feels Like We Only Go Backwards, Runway, Houses, City, Clouds, The Less I know the Better, Some Old Mistakes. Pendant une heure et demie, ces magiciens enchaînent leurs plus gros tubes et remontent le fil du temps de la création artistique de leurs albums, du dernier The Slow Rush à Innerspeaker. Pluie de confettis, lasers, machines fumigènes : on comprend mieux pourquoi sept camions étaient mobilisés pour transporter le matériel de cette scénographie à couper le souffle. Ce cocktail jouissif entre son et lumière réussit à enivrer les festivaliers entassés près de la grande scène. L’atmosphère est magnétique, cabalistique. On vous le dit : Tame Impala nous a embarqués dans un voyage onirique, qui leur octroie de fait la place du meilleur concert de cette journée.
Rock en Seine à Paris du 25 au 28 août 2022 (consultez le programme complet), avec une sélection de (re)diffusions de concerts sur la plateforme france.tv avec Culturebox à cette adresse.
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