17 octobre 1961 : "C'est la première fois qu'un chef d'État en exercice utilise le mot 'crime' et l'accole à la question de l'État et de la République", souligne Benjamin Stora
Emmanuel Macron a dénoncé samedi des "crimes inexcusables pour la République", à l'occasion d'une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d'Algériens à Paris.
"Pour la première fois, un chef d'État en exercice reconnaît la responsabilité de l'État dans un massacre considéré comme un crime", a salué ce dimanche 17 octobre sur France Inter Benjamin Stora, historien, auteur du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie commandé par l'Élysée en janvier 2021.
Emmanuel Macron a dénoncé samedi des "crimes inexcusables pour la République", à l'occasion d'une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, allant ainsi plus loin que la "sanglante répression" admise par François Hollande en 2012 et en reconnaissant pour la première fois un bilan bien plus lourd que le bilan officiellement admis.
"C'est une avancée, on peut considérer que c'est insuffisant"
"C'est la première fois qu'un chef d'État en exercice utilise le mot 'crime' et l'accole à la question de l'État et de la République", a souligné l'historien Benjamin Stora.
"C'est une avancée, on peut considérer que c'est insuffisant, a-t-il ajouté. D'autres auraient préféré davantage de justice". "Et d'autres, encore plus radicaux disent : 'Il fallait juger les responsables qui étaient au pouvoir', et pourquoi pas, disent certains, le général de Gaulle lui-même", alors que certaines familles de victimes espéraient qu'Emmanuel Macron évoque dans son discours le général de Gaulle, alors président de la République.
"Le général de Gaulle a donné des consignes de fermeté dans la répression de cette manifestation, ce qui est absolument regrettable. Mais le général de Gaulle n'a jamais demandé que l'on tire par balles sur des manifestants algériens, cela n'existe pas"
Benjamin Storaà France Inter
"Cela me paraît tout à fait étonnant qu'il faille juger aujourd'hui le général de Gaulle, au moment où s'avancent ceux qui veulent réhabiliter le maréchal Pétain", a assuré l'historien.
"Cette nuit-là, il y a eu zéro mort policier, contrairement à ce qui a été prétendu à l'époque. Par contre, il y a eu de très nombreux morts algériens et des fusillades à balles réelles", a-t-il enfin rappelé.
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