17 octobre 1961 : "Nous sommes très déçus car on espérait une parole forte qui dise la vérité", regrette un descendant d'une victime
"On espérait que la police parisienne puisse être nommée, ce n'est pas le cas", a regretté ce samedi sur franceinfo, Mehdi Lallaoui, président de l'association "Au nom de la mémoire", après la publication d'un communiqué de l'Élysée sur les "crimes inexcusables" du 17 octobre 1961.
"Nous sommes très déçus de ce communiqué du président de la République. On espérait une parole forte qui dise toute la vérité mais cette parole, on ne l'a pas eue malheureusement", a déploré samedi 15 octobre sur franceinfo, le réalisateur et écrivain Mehdi Lallaoui, président de l'association "Au nom de la mémoire". Dans un communiqué, l'Elysée a dénoncé "des crimes inexcusables pour la République", alors qu'Emmanuel Macron participait à une cérémonie d'hommage aux victimes algériennes du 17 octobre 1961, au pont de Bezons, à hauteur de Colombes (Hauts-de-Seine).
Le père de Mehdi Lallaoui qui faisait partie des manifestants avait été passé à tabac, lors de ce rassemblement où "des dizaines" d'Algériens ont été tués. "On espérait que la police parisienne puisse être nommée, ce n'est pas le cas, a regretté Mehdi Lallaoui, On espérait que le ministre de l'Intérieur de l'époque puisse être nommé, ce n'est pas le cas"
franceinfo : Êtes-vous satisfait du communiqué de l'Élysée et des mots employés par Emmanuel Macron ?
Mehdi Lallaoui : Nous sommes très déçus de ce communiqué du président de la République. On espérait une parole forte qui dise toute la vérité mais cette parole, on ne l'a pas eue malheureusement. Ce que nous disons depuis des décennies, c'est qu'il faut nommer les choses. Maurice Papon n'était pas le seul à commettre ces dizaines, voire des centaines d'assassinats. On espérait que la police parisienne puisse être nommée, ce n'est pas le cas. On espérait que le ministre de l'Intérieur de l'époque puisse être nommé, ce n'est pas le cas. On espérait que le Premier ministre de l'époque puisse être nommé et ce n'est pas le cas. On espérait que puisse être nommé le président de la République, qui était le général De Gaulle, dans son rôle dans l'occultation de cette tragédie, de ce massacre du 17 octobre 1961.
Selon vous Emmanuel Macron n'est pas allé plus loin que son prédécesseur, François Hollande, qui avait parlé de "répression sanglante" ?
"Répression sanglante" ou "crimes" ce sont des mots forts, mais c'est un massacre et derrière ce massacre, il y a des assassins qui ne sont pas nommés 60 ans plus tard. Personne n'a été poursuivi. Le président de la République aurait pu se saisir de cette occasion pour avancer un peu plus dans la vérité.
Vous demandez réparation, mais comment peut-elle intervenir concrètement ?
Il ne peut pas y avoir de justice sans réparation mais on ne peut pas réparer l'irréparable. La proposition qu'on a formulée auprès du président de la République c'est de faire en sorte que cette réparation passe par la création d'une fondation pour la fraternité franco-algérienne qui aiderait des artistes, des chercheurs, des étudiants des deux rives à rapprocher nos deux peuples.
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