: Vidéo Quand Georges Pompidou devait faire face à la rumeur et dissimuler la maladie
"Je ne crois pas avoir ce qu'on appelle un avenir politique, j'ai eu un passé politique, j'aurais peut-être, si Dieu le veut, un destin national, mais c'est autre chose" confiait Georges Pompidou quelques mois avant d'être élu président de la République française, le 15 juin 1969. Rien, pourtant, ne prédestinait ce fils d'instituteurs du Cantal à la fonction suprême. C'est par admiration pour De Gaulle que ce normalien passionné de poésie était entré en politique.
Le documentaire Georges Pompidou, la cruauté du pouvoir, réalisé par Jean-Pierre Cottet, est diffusé mercredi 27 mars à 21h10 sur France 3. Il livre un récit documenté du destin républicain de ce petit-fils de paysans. Il détaille comment Georges Pompidou tenta de maintenir l'héritage du général de Gaulle, auquel il devait tant, tout en prenant la mesure d'une époque en pleine mutation. Le film pointe également les différentes épreuves auxquelles a dû faire face ce président fauché par la maladie.
L'affaire Markovic l'éloigne de De Gaulle
En septembre 1968, alors que Georges Pompidou n'est plus Premier ministre depuis peu, il se retrouve au cœur d'un fait divers. Stevan Markovic, garde du corps d'Alain Delon, est retrouvé mort dans une décharge publique. Une rumeur se répand rapidement, selon laquelle "il aurait été supprimé pour avoir voulu faire chanter des personnalités adeptes de parties fines". Parmi les célébrités concernées, le nom de Claude Pompidou circule. Les médias s'emparent de l'affaire.
" L'activité de la police et de la justice a été orientée, non vers la recherche des auteurs du crime, mais vers la recherche de témoignages et de documents qui pouvaient nous compromettre ma femme et moi."
Georges Pompidoudans "Georges Pompidou, la cruauté du pouvoir"
Georges Pompidou est surtout blessé par l'absence de soutien de celui qu'il pensait son ami : le général de Gaulle, qui l'a longtemps protégé. Il se sent abandonné et prend conscience des jalousies que son ascension suscite. Il décide alors de combattre la rumeur. A partir de ce moment, Georges Pompidou ne fait plus mystère de son désir de succéder à De Gaulle. Une réalité qui prend corps plus tôt que prévu. En avril 1969, le général met en jeu son mandat lors d'un référendum. Les Français s'y opposent, Charles de Gaulle démissionne.
L'année 1972 le plonge dans la douleur
Georges Pompidou remporte largement l'élection présidentielle anticipée en juin 1969. Mais sa santé est fragile. Avant même son accession au pouvoir, il est sujet à des saignements de nez et d'états grippaux à répétition. Après des examens effectués en 1972, il apprend qu'il est atteint de la maladie de Waldenström, pathologie rare de la moelle osseuse. Il décide de ne pas le révéler publiquement.
Sa grande fatigue, ses agacements et son visage bouffi par les doses massives de cortisone interrogent. Le président souffre, mais il se refuse à quitter ses fonctions, même s'il rédige, à l'époque, un testament qu'il transmet à son plus proche conseiller, Edouard Balladur. Alors qu'un journaliste lui demande s'il briguera un second mandat, il rétorque :
"Puisque le destin a voulu que je sois où je suis, je considère que mon devoir, c'est de mettre ce que j'ai de capacité au service de la France, tant que les Français le voudront. Et c'est en fonction de cela, et de cela seul, que je me déciderais le jour venu."
Georges Pompidoudans "Georges Pompidou, la cruauté du pouvoir"
Dans l'intimité, il confie toutefois à son fils adoptif Alain qu'il ne pourra "jamais faire face". Finalement, Georges Pompidou est emporté le 2 avril 1974 par une septicémie.
Le documentaire Georges Pompidou, la cruauté du pouvoir, réalisé par Jean-Pierre Cottet, est diffusé mercredi 27 mars à 21h10, sur France 3 et sur la plateforme france.tv.
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