Les manifestations contre l'austérité dégénèrent en Espagne, en Italie et au Portugal
Les forces anti-émeute ont donné la charge contre les manifestants mobilisés contre l'austérité à Madrid et Lisbonne, tandis que les affrontements ont fait plusieurs blessés en Italie.
CRISE EUROPEENNE – Grève générale coordonnée en Espagne et au Portugal, manifestations et arrêts de travail en Grèce, en Italie, en France : l'opposition aux politiques d'austérité s'est organisée, mercredi 14 novembre, en Europe, sous la forme d'une "journée européenne d'action et de solidarité".
Pacifiques au départ, les manifestations ont, dans certaines villes, dégénéré et des affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers. Etat des lieux de la mobilisation, pays par pays.
En Espagne, des heurts violents à Madrid
Au total, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans la capitale espagnole. Des incidents ont éclaté à la mi-journée à Madrid, les forces de l'ordre dispersant à coups de matraque des centaines de manifestants.
Elles ont donné la charge dans la soirée pour disperser les manifestants restés aux abords de la Chambre basse du Parlement. La police, déployée en masse dans tout le quartier, ripostait à des jets de projectiles, de pierres, de bouteilles et de pétards, a rapporté une journaliste de l'AFP.
Dans ce pays où le chômage touche un quart de la population active, le rejet de la rigueur mise en œuvre par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a franchi un degré supplémentaire après l'émoi provoqué par le suicide d'une femme de 53 ans qui ne pouvait plus rembourser son emprunt immobilier.
Au Portugal, la police charge les manifestants à Lisbonne
Au Portugal, qui a négocié l'an dernier un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros, la journée s'est déroulée assez calmement, mais les manifestations ont dégénéré dans la soirée. Là aussi, plusieurs milliers de personnes ont défilé.
A Lisbonne, la capitale portugaise, la police a chargé dans la soirée les protestataires rassemblés devant le parlement à l'issue d'une manifestation. Les forces de l'ordre ont repoussé les protestataires à coups de matraque après avoir été pendant plus d'une heure la cible de jets de pierres et d'ordures.
Dans la journée, le métro est resté fermé. Seuls 10% des trains ont circulé dans le cadre d'un service minimum ordonné par les tribunaux. La compagnie aérienne portugaise TAP a annulé environ 45% de ses vols. La plupart des transports étaient donc déserts.
En Italie, des affrontements à Milan, Turin et Rome
Une grève de quatre heures et des manifestations se sont déroulées dans toute l'Italie à l'appel de la principale confédération syndicale, la CGIL. A Milan et à Turin, deux villes du nord du pays, des milliers de personnes ont pris part à des cortèges, selon des sources syndicales.
Un policier a été grièvement blessé à Turin et cinq autres plus légèrement à Milan dans des heurts en marge des manifestations. A Rome, un millier de personnes ont pris part à un cortège qui a traversé des rues du centre-ville. Un petit groupe d'étudiants a tenté de briser le cordon de police en lançant des pierres pour rejoindre le siège du gouvernement.
En France, plus de 130 cortèges
Relayant l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), cinq organisations françaises - CGT, CFDT, FSU, Solidaires, Unsa - ont appelé à des manifestations partout en France "pour l'emploi, la solidarité en Europe et contre l'austérité". Plus de 130 défilés et rassemblements ont été organisés, et plusieurs milliers de salariés français sont descendus dans la rue.
A Lille (Nord), les manifestants se sont rassemblés mercredi matin, tout comme à Marseille (Bouches-du-Rhône). Dans la cité phocéenne, ils étaient 2 300 selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, 20 000 selon les organisateurs. "Le peuple veut un CDI, des services publics modernes et qui fonctionnent, une retraite à 60 ans", a scandé la foule avant d'entonner L'Internationale, poing levé, en arrivant à la préfecture peu après midi.
A Paris, le cortège est parti en début d'après-midi. Il s'agissait de la première mobilisation unitaire CGT-CFDT depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir. Bernard Thibault et François Chérèque ont défilé côte à côte. Le cortège parisien, étoffé de nombreux militants cégétistes, a réuni 15 000 personnes selon la CGT, 5 200, selon la police.
En Grèce, les syndicats défilent à Athènes
En Grèce, les syndicats du public et du privé ont demandé trois heures d'arrêt de travail en solidarité avec le mouvement en Espagne et au Portugal. En début d'après-midi, à Athènes, la capitale, les manifestants se sont dirigés vers le Parlement.
Le banquier Charles Dallara, sorte de patron des patrons chez les banquiers de la planète, a fait sensation en lançant depuis Athènes une charge contre l'austérité. Il a estimé qu'il était "temps de reconnaître que l'austérité seule condamne non seulement la Grèce, mais l'intégralité de l'Europe à la probabilité d'une ère douloureuse". Si la récession s'accélère, "il s'agirait d'une tragédie, pas seulement pour la Grèce et l'Europe mais pour le monde", a-t-il dit.
En Belgique, un rassemblement des syndicats européens
Une action spécifique s'est déroulée à Bruxelles (Belgique) avec un tour des ambassades par les responsables des syndicats et un rassemblement devant le siège de la Commission européenne. Le cortège est parti en début d'après-midi.
Des manifestations ont également eu lieu dans certains pays de l'Est et des actions symboliques en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, notamment.
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