Débat Hollande-Sarkozy : ce qu'il faut en retenir
Les deux finalistes de l'élection présidentielle se sont livrés à un affrontement tendu pendant près de trois heures.
Nicolas Sarkozy l'attendait avec impatience, au point d'en réclamer trois. François Hollande, en favori des sondages, l'abordait avec prudence. Figure imposée de l'élection présidentielle, le débat d'entre-deux-tours a mis aux prises les deux finalistes, mercredi 2 mai, pendant près de trois heures. Un record. FTVi vous résume ce qu'il faut en retenir.
L'enjeu. Les sondeurs sont formels. Dans l'histoire de l'élection présidentielle, jamais le débat de l'entre-deux-tours n'a inversé la tendance, ni même fait bouger significativement les lignes. Pourtant, à quatre jours du verdict des urnes, ce débat représentait pour Nicolas Sarkozy l'ultime occasion d'en découdre et de "débusquer les mensonges" d'un François Hollande qu'il disait vouloir "exploser". Le candidat socialiste, lui, se devait de gérer son avance, de répondre aux attaques de son adversaire tout en affirmant sa stature présidentielle.
Le round d'observation. "Qu'attendez-vous de ce débat ?" Cette simple question d'introduction a donné lieu à quinze minutes de round d'observation à fleurets mouchetés à propos du "rassemblement" prôné par François Hollande. "C'est un beau mot, mais il faut mettre des faits", a attaqué d'emblée Nicolas Sarkozy, soulignant que lui n'était "pas l'homme d'un parti" et qu'il s'adressait "au peuple de France". Sans surprise, celui qui a dirigé le PS pendant onze ans a accusé son adversaire d'avoir divisé les Français : "Je ne distingue pas le faux travail du vrai travail, les syndicalistes qui me plaisent et ceux qui ne me plaisent pas", a-t-il dit en référence aux attaques du président candidat contre les corps intermédiaires.
L'ambiance. Inévitablement, le débat fut technique. Les deux candidats se sont livrés à de nombreuses batailles de chiffres, essentiellement sur les questions économiques et financières. A plusieurs reprises, François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont mutuellement accusés de mentir, et ont multiplié les invectives, interrompant régulièrement leur adversaire.
"Vous êtes un petit calomniateur", a même lâché Nicolas Sarkozy, visiblement excédé, alors que François Hollande l'accusait d'avoir exercé une présidence "partisane".
La stratégie. Comme prévu, Nicolas Sarkozy s'est montré pugnace, s'attachant surtout à critiquer le programme de François Hollande plutôt qu'à faire de la pédagogie sur ses propositions, notamment sur le droit de vote pour les étrangers aux élections municipales et la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Le président sortant a également fait de nombreuses références aux politiques menées par ses prédécesseurs socialistes, Lionel Jospin et François Mitterrand, pour tenter de mettre François Hollande en difficulté.
De son côté, le candidat socialiste, moins attentiste que prévu, s'est attaché sur la plupart des sujets à renvoyer le président sortant à son bilan. "Vous êtes au pouvoir depuis dix ans", lui a-t-il rappelé à plusieurs reprises. François Hollande s'en est par ailleurs pris au discours très à droite de Nicolas Sarkozy qui, quelques instants plus tôt, avait martelé son opposition au droit de vote des étrangers en agitant le spectre du communautarisme.
Le temps fort. "Moi président de la République..." En moins de trois minutes, François Hollande a répété cette phrase seize fois pour décrire le style qu'il souhaitait donner à sa présidence. Un portrait en creux de l'anti-Sarkozy. Quelques exemples : "Moi président de la République, je ne traiterai pas le premier ministre de collaborateur. (...) Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel particulier. (...) Moi, président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux soient considérés."
Nicolas Sarkozy lui a répondu sèchement : "Vous venez de faire un beau discours, on en avait la larme à l'œil." Relevant que le candidat socialiste se voyait en "président normal", Nicolas Sarkozy lui a asséné une pique dont il a le secret : "La fonction du président n'est pas une fonction normale. Et la situation que nous vivons n'est pas normale. Votre normalité n'est pas à la hauteur des enjeux."
L'attaque réciproque. "Ce n'est pas vous qui posez les questions, et ce n'est pas vous qui donnez les notes", a vertement lancé François Hollande à son adversaire dans la première partie du débat. Une formule qui rappelle la réplique de François Mitterrand à Valéry Giscard d'Estaing lors du débat de 1981 : "Je ne suis pas votre élève et vous n'êtes pas mon professeur".
Mais les rôles se sont inversés quelques dizaines de minutes plus tard. "Je n'ai pas à répondre à vos questions, je veux développer mon raisonnement", a lancé Nicolas Sarkozy. Un peu plus loin encore, il a même repris exactement la célèbre phrase de l'ancien président socialiste : "Merci, je ne suis pas votre élève."
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