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Les mouches éconduites noient aussi leur chagrin dans l'alcool

Une étude américaine publiée jeudi dans la revue "Science" révèle que les mouches drosophiles sans activité sexuelle peuvent boire de l'alcool en grande quantité.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des mouches domestiques surprises dans leur intimité. (OXFORD SCIENTIFIC / PHOTOLIBRARY RM)

Les mouches noient leur frustration sexuelle dans l'alcool. Les drosophiles mâles, appelées aussi mouches du vinaigre, boivent pour oublier lorsque les femelles repoussent leurs avances, révèle jeudi 15 mars un article paru dans la revue américaine Science.

Les chercheurs ont commencé par mettre des drosophiles mâles dans une cage de verre où se trouvaient des femelles vierges prêtes à copuler. Ils ont ensuite placé d'autres mâles avec des mouches femelles qui s'étaient déjà accouplées. Naturellement, ces dernières n'avaient pas envie de remettre ça. Déception dans la cage.

Après cette première expérience, les différents mâles ont été mis dans des boîtes contenant deux pailles, l'une avec de la nourriture liquide normale et l'autre avec 15% d'alcool. Verdict : ceux qui avaient été repoussés sexuellement se sont jetés sur les nutriments liquides alcoolisés, en absorbant de grandes quantités.

Ça se passe dans le cerveau

Selon les chercheurs, ce comportement est dû au neuropeptide F. Cette molécule présente dans le cerveau des insectes augmente avec la satisfaction (l'acte sexuel, par exemple) et diminue si le sujet est insatisfait. En l'occurrence, s'il s'est pris un râteau. 

Ainsi, les drosophiles mâles en mesure de copuler présentent des taux plus élevés de cette molécule et consomment nettement moins de nourriture liquide alcoolisée. A l'inverse, ceux qui sont privés d'activité sexuelle ont des niveaux de neuropeptide F bas. Ils choisissent donc des aliments comportant de l'alcool et en consomment de grandes quantités.

Une piste pour soigner l'alcoolisme chez les humains

Les humains possèdent un neurotransmetteur cérébral similaire, appelé neuropeptide Y. Ajuster le taux de cette molécule chez les humains pourrait faire disparaître la dépendance à l'alcool, pensent les auteurs de l'étude.

"Si les neuropeptides Y s'avèrent bien jouer un rôle déterminant dans l'état psychologique conduisant à abuser de l'alcool et des drogues, on pourrait alors mettre au point des thérapies neutralisant les récepteurs de cette molécule" pour en assurer un niveau suffisant constant dans le cerveau, estime Ulrike Heberlein, professeure d'anatomie et de neurologie à l'université de Californie à San Francisco.

L'étude précise que des essais cliniques sont en cours pour tester la capacité des neuropeptides Y à soulager l'anxiété et d'autres troubles psychologiques, ainsi que l'obésité.

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