La kiné respiratoire n'est pas efficace contre la bronchiolite, selon "Prescrire"
Selon la revue médicale, cette pratique très répandue serait quasi-inutile. Les risques seraient même plus importants que les bénéfices. Explications.
SANTE - C'est le traitement le plus couramment prescrit en cas de bronchiolite chez le nourrisson. Mais selon la revue Prescrire, la kinésithérapie respiratoire ne serait pas efficace. "Sa balance bénéfices-risques" est même "défavorable", écrit la publication spécialisée.
Cette infection respiratoire touche chaque hiver près de 30% des enfants de moins de 2 ans. Et la "kiné respiratoire" est très largement prescrite en France et dans plusieurs pays européens francophones. Or, selon Prescrire, neuf études, réalisées sur 891 nourrissons hospitalisés pour des bronchiolites, n'ont fait apparaître aucune différence entre les enfants traités par kiné et sans kiné. Ni en termes d'évolution clinique, ni concernant les facteurs suivants : oxygénation du sang, fréquence respiratoire, durée de la maladie – treize jours en moyenne – et durée de l'hospitalisation.
"Prescrire à titre de confort et non de guérison"
En revanche, de nombreux effets indésirables de la kiné, comme des vomissements, des douleurs et même des fractures de côtes (une fracture pour 1 000 nourrissons traités), sont mis en lumière par les neuf études. "Mieux vaut épargner cette épreuve aux bébés", conclut Prescrire, reconnu pour son combat contre plusieurs médicaments inutiles, notamment le Mediator.
Selon Christophe Delacourt, chef du service de pneumologie pédiatrique à l’hôpital Necker interrogé par Europe 1, "cette technique doit donc être utilisée pour les cas les plus graves et à titre de confort plutôt qu’à titre de guérison".
"Affirmer aujourd'hui, dans une synthèse de neuf études, que la kinésithérapie respiratoire n'est pas efficace pour combattre la bronchiolite est intolérable et va engendrer une panique inutile", a riposté la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs dans un communiqué. Et d'agiter la menace d'un "encombrement des urgences" si les praticiens arrêtaient ne serait-ce qu'une semaine de pratiquer la kinésithérapie respiratoire chez les nourrissons atteints de bronchiolite.
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