Les animaux ? Les candidats ont d'autres chats à fouetter
Selon un sondage, 29% des Français déclarent que les propositions des candidats à la présidentielle sur la protection animale pourraient influencer leur vote. Pourtant, les bêtes restent absentes des débats.
Et si les animaux de compagnie pouvaient contribuer au choix du bulletin glissé dans l'urne par leurs propriétaires ? Selon un sondage Ifop (fichier PDF) réalisé pour la Fondation 30 Millions d'amis, rendu public vendredi 2 mars, 29% des Français déclarent que les propositions des candidats en matière de protection animale pourraient influencer leur vote. Sans surprise, les propriétaires de bêtes sont plus nombreux à le penser (41%), et c'est encore plus vrai pour ceux qui possèdent un chien (49%).
Sur la base de cette enquête, la Fondation 30 Millions d'amis a envoyé, comme lors des élections précédentes, un questionnaire à tous les candidats à la présidentielle, sur des sujets aussi variés – et sensibles – que le trafic d'animaux de compagnie, les conditions d'abattage, la chasse, les animaux de cirque ou les fourrures. La présidente de la fondation, Reha Hutin, ne s'attend pas à des miracles.
"Avec tout ce qui se passe autour de la viande halal, les expérimentations menées sur les animaux par l'industrie pharmaceutique ou l'inscription de la corrida au patrimoine mondial de l'Unesco, on se rend compte que les animaux ne sont pas pris en considération. C'est totalement absent dans la campagne", déplore-t-elle. "Il y a des choses qui se font au niveau européen mais à chaque fois, la France obtient des dérogations !", dénonce Reha Hutin.
"Vous n'avez pas le monopole du cœur des chiens et des chats"
Qu'il semble loin, le temps où le président Valéry Giscard d'Estaing nommait un "monsieur animaux", en la personne du député de l'Aube Pierre Micaux. A l'heure de la crise financière et des débats budgétaires, la cause animale n'est pas vraiment dans l'air du temps. Même si par le passé, chiens et chats pouvaient tout à fait s'inviter dans le plus austère des débats budgétaires. En témoigne cet épisode de d'entre-deux-tours en 1988, où François Mitterrand rétorqua : "Vous n'avez pas le monopole du cœur des chiens et des chats" à un Jacques Chirac qui l'accusait d'avoir voté l'augmentation de la TVA sur les aliments pour animaux.
Mais point de cela en 2012. Le mot "animaux" n'apparaît ni dans le projet du PS, ni dans celui de l'UMP. La plupart des candidats n'ont pas jugé utile de confier la question à un membre de leur équipe. Les services de presse sont bien en peine de répondre lorsque les journalistes les interrogent à ce sujet. Mais heureusement, il y a internet. Et des militants associatifs qui ne laissent rien passer des prises de position de tel ou tel candidat.
Le très complet site Politique & Animaux tient les comptes depuis plusieurs semaines. On y lit que François Hollande n'éprouve aucun intérêt pour la cause animale. C'est toujours moins mauvais que le bilan de Nicolas Sarkozy : les voyants du président sortant sont tous au rouge, selon le site, qui affiche sur sa page d'accueil une citation de Gandhi : "On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux." Le meilleur ami de ces bêtes serait l'écologiste (mais peu célèbre) Jean-Marc Governatori, réduit à entamer une grève de la faim pour obtenir ses parrainages, suivi de près par Corinne Lepage, Eva Joly puis – plus surprenant – par le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le trotskiste Philippe Poutou.
Le labrador, chien "éminemment présidentiel"
Et Marine Le Pen ? La candidate du Front national peut se targuer d'être l'une des seules à compter dans son équipe une conseillère "à la protection animale", Lydia Schénardi. Et à pouvoir compter sur le soutien sans faille de Brigitte Bardot. Dans sa croisade contre le halal, Marine Le Pen a autant mis en avant des arguments sur la laïcité que sur la cruauté du rituel d'abattage sans étourdissement. Mais patatras : ses positions en faveur des chasseurs et de l'augmentation des quotas de pêche en font, aux yeux de Politique & Animaux, une candidate tout juste dans la moyenne.
A défaut d'avancer des propositions concrètes, les candidats peuvent toujours essayer de poser à côté de leurs compagnons pour tenter d'amadouer les 52% de propriétaires d'animaux de compagnie. Ainsi l'ont régulièrement fait les présidents de la République successifs de la Ve République depuis Valéry Giscard d'Estaing.
Nicolas Sarkozy n'a pas dérogé à la tradition en vigueur au "Château" : posséder un labrador, chien "éminemment présidentiel", rappelle Reha Hutin. Mais le couple élyséen n'a pas donné beaucoup de nouvelles de ses animaux depuis cette vidéo tournée en 2009.
Une info pour François Hollande : selon des études, le chien symboliserait "l'autorité, l'ordre, les valeurs patrimoniales et la défense de la propriété privée", donc un animal plutôt de droite, tandis que les électeurs de gauche préféreraient les chats.
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