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Les vacances au ski restent "un entre-soi des classes supérieures"

En France, seule une partie de la population part en vacances au ski, "un entre-soi des classes supérieures" pour Jean Viard, sociologue interrogé samedi sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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La station du Markstein dans les Vosges, le 6 janvier 2017. (Photo d'illustration) (MAXPPP)

Les vacances au ski restent encore "un entre-soi des classes supérieures", estime le sociologue Jean Viard, samedi 18 février, sur franceinfo. Seulement "un tiers des Français partent six fois par an en vacances. C'est ce tiers-là qui part en vacances d'hiver" à la neige.

Le chercheur, qui a travaillé sur les vacances et les loisirs, affirme que les sports d'hiver "ne se sont pas vraiment démocratisés", à part pour les skieurs de "proximité" des stations, venus de Grenoble, Toulouse ou encore Nice, qui peuvent "aller skier sans découcher, à la journée"

franceinfo : Est-ce que les vacances d'hiver ont la même place dans l'inconscient collectif que les vacances d'été ?

Jean Viard : Les vacances d'hiver, en terme d'imaginaire, c'est la neige, même pour ceux qui ne vont pas à la montagne, ce qui est le cas de la majorité d'entre nous. Ce sont des vacances élitistes et chères, c'est en partie pour cela que les vacances de neige font rêver.

Ce n'est pas du tout comme les vacances d'été, qui sont les vraies, les grandes vacances, celles que l'on espère prendre. Les deux-tiers d'entre nous les prenons. Les vacances d'hiver, ce sont d'abord des vacances scolaires. Pour beaucoup de parents, c'est : "qu'est-ce que je fais des enfants".

C'est aussi un imaginaire de réussite sociale, car les vacances à la neige, c'est cher ?

Oui, c'est un entre-soi des classes supérieures, des pharmaciens, des médecins, des populations à revenu important. Un tiers des Français partent six fois par an. C'est ce tiers-là qui part en vacances. Cela signifie aussi une homogénéité sociale dans les stations. D'autant plus que le ski a évolué vers une discipline, peut-être pas plus professionnelle, mais plus élégante. Il faut bien skier pour aller skier. Moi quand j'étais jeune, on skiait mal mais ce n'était pas important. On jouait à la neige. Aujourd'hui on va à la neige quand on skie bien, ou alors on va à la neige et on ne skie pas du tout. On bronze, on sort en boîte, on mange, on s'aime, mais on ne skie pas forcément.

Les sports d'hiver restent un phénomène de classe ?

Ils ne se sont pas vraiment démocratisés. Ils se sont démocratisés dans la proximité. Prenez les Grenoblois, ils vont aller skier sans découcher, à la journée. À Grenoble, Chambéry, même Lyon, Marseille et Nice aussi, Toulouse pour les Pyrénées. Pour cette activité régionale, qui est importante, c'est moins cher que les gens qui séjournent une semaine. Là c'est un autre groupe social.

Il y a une magie de la neige pour les gens des villes ?

Bien sûr. C'est la neige, le soleil, des vêtements différents. Il y a une vision très sentimentale des vacances de neige car ce sont des gens assez jeunes. Cela renvoie à un imaginaire amoureux. Sans compter la magie de la montagne au soleil en hiver : c'est un spectacle grandiose, surtout pour des gens des villes. La nature on la prend vraiment en face de soi. La mer c'est pareil mais il y a beaucoup de monde. En montagne, vous regardez un sommet il n'y a personne. Vous êtes confronté à une forme de beauté brute, ce qui pousse beaucoup de gens à faire du hors-piste.

Jean Viard : "Un tiers des Français partent six fois par an. C'est ce tiers-là qui part en vacances."

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