Record touristique à Paris : il faut préserver "l'équilibre entre ville où on habite et ville qui se visite" selon la mairie
Malgré les touristes toujours plus nombreux à visiter la capitale, la mairie dit vouloir préserver le logement et les commerces de proximité.
Alors que Paris a atteint un record de fréquentation en 2018, avec 35 millions d'arrivées hôtelières, selon le bilan annuel du comité régional du tourisme Paris-Île-de-France, il faut "assumer" d'être une ville touristique tout en préservant les habitants, selon l'adjoint à la mairie en charge du tourisme, Jean-François Martins.
franceinfo : On avait dit que le tourisme souffrait du contexte social des "gilets jaunes". On s'est trompé ?
Jean-François Martins : Non. L'année 2018 compte du 1er janvier au 31 décembre. Nous avons fait une année de janvier à novembre qui est excellente, portée par une année 2017 qui était très bonne, et qui a continué à progresser sur les marchés-clé, notamment américain et européen. Ce qui nous permet d'avoir battu 2017 qui était déjà historique. En revanche, depuis le début du mois de décembre, il y a eu un décrochage significatif de réservations, dû à plusieurs choses. D'abord, des Français qui allaient moins à Paris. Et petit à petit, les images qui ont fait le tour du monde des violences dans Paris ont réduit le rythme des réservations et on sent plutôt les conséquences sur le premier trimestre 2019.
C'est une première, la clientèle internationale est en forte hausse. Il y a eu plus de touristes étrangers que de touristes français à Paris et en Île-de-France ?
Cela vient confirmer un travail qu'on a mené depuis les attentats de 2015 où on a dû reconquérir les pays les uns après les autres. Il y avait des interrogations sur la sécurité. On a fait des efforts dans plein de domaines, l'accueil dans les aéroports, la qualité de nos hôtels, le renouvellement de l'offre de restauration. Paris plus accueillante, Paris plus sûre et aussi Paris qui se transforme. Les visiteurs du monde entier viennent voir, pas simplement la tour Eiffel et Montmartre, mais aussi ce qui bouge dans Paris. Les berges de Seine sont devenues l'un des dix lieux les plus visités de Paris parce que les touristes aiment s'y balader sans voiture en profitant des monuments, comme la fondation Louis-Vuitton. Cela montre que nous ne sommes pas qu'une ville patrimoniale, mais aussi une ville qui continue de produire des centres d'intérêts nouveaux chaque année.
Ces chiffres sont bienvenus pour les professionnels du tourisme. Mais cela donne des arguments à ceux qui disent qu'on se préoccupe davantage des touristes que des habitants, poussés vers la périphérie.
C'est une question politique majeure qui se pose à plein de villes. On doit pouvoir être capable d'assumer une ville touristique tout en préservant les habitants. Cela veut dire préserver le logement. C'est ce qu'on fait à Paris avec une politique de logement social. C'est ce qu'on fait en préservant le commerce de proximité. C'est un point important. Si nous voulons que Paris reste une ville d'habitants, et pas simplement une ville de touristes, il faut maintenir des primeurs, des fromagers, des commerçants indépendants. Pour cela il y a des outils municipaux, mais il faut aussi être raisonnable dans l'ouverture le dimanche. Si vous ouvrez tout le dimanche, toute l'année, les fromagers et les primeurs seront remplacés par des boutiques de fringues et des standards internationaux de distributeurs de café. C'est comme cela qu'on préservera l'équilibre entre ville où on habite et ville qui se visite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.