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Des physiciens inventent une machine à se cacher dans le temps

Des physiciens américains ont conçu un système d'"invisibilité temporelle", capable de rendre un événement totalement indétectable pendant une infime fraction de seconde, selon l'étude publiée par la revue britannique "Nature".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une image de l'université Cornell de New York (Etats-Unis) illustre la découverte d'une machine à se cacher dans le temps, faite par des physiciens de l'université et publiée le 4 janvier 2012. (HEATHER DEAL / AP /SIPA)

Une machine pour se cacher dans le temps : vous en rêviez, des physiciens financés par le Pentagone ont annoncé mercredi 4 janvier l'avoir fait. L'équipe de Moti Fridman, de l'Université Cornell de New York (Etats-Unis), a conçu un système d'"invisibilité temporelle" capable de rendre un événement totalement indétectable pendant une infime fraction de seconde, selon l'étude publiée par la revue britannique Nature (article en anglais).

Ce dispositif expérimental s'inspire des recherches sur la fameuse "cape d'invisibilité" popularisée par Harry Potter, le célèbre apprenti-sorcier de la saga de J.K. Rowling. Mais au lieu de chercher à masquer un objet dans l'espace, elle le dissimule à la vue dans le temps.

• Comment ça marche ?

L'exploit des physiciens utilise les propriétés du spectre lumineux visible et le fait que les différentes couleurs qui le composent se déplacent à des vitesses très légèrement différentes.

Cette cape d'invisibilité "temporelle" commence par diffuser un rayon de lumière verte dans un câble en fibre optique. Ce rayon traverse ensuite une lentille qui le divise en deux fréquences distinctes : une lumière bleue qui se propage un petit peu plus rapidement que le rayon vert d'origine, et une lumière rouge légèrement plus lente.

Au bout du compte, il se crée une sorte de "décalage temporel" entre les rayons rouge et bleu qui voyagent dans la fibre optique. Une faille minuscule, de seulement 50 picosecondes (50 millionièmes de millionième de seconde), mais suffisante pour y intercaler une décharge de laser d'une fréquence différente de la lumière passant dans la fibre optique.

Après cette brève décharge de laser, les rayons rouges et bleus subissent un traitement inverse : un nouvel obstacle accélère cette fois-ci le rouge et ralentit le bleu, et une lentille reconstitue les deux faisceaux pour produire un unique rayon vert.

La décharge de laser, d'une durée de 40 picosecondes, est toujours bien présente, mais comme elle ne fait pas partie du flux de photons de la lumière reconstituée, elle reste totalement indétectable !

• A quoi peut servir cette machine ?

Robert Boyd et Zhimin Shi, de l'Université de Rochester à New York, estiment que cette invisibilité temporelle pourrait déjà avoir des applications immédiates pour sécuriser les communications. Car ce procédé permet de fractionner les signaux optiques et de les faire voyager à des vitesses différentes avant de les réassembler, ce qui rend les données particulièrement difficiles à intercepter.

Ces travaux peuvent aussi aboutir à des usages militaires, car ils sont financés par la DARPA, une agence du ministère de la Défense américain destinée à mettre au point des technologies futuristes. Cette agence avait notamment mis au point à la fin des années 1960 un système de transmission de données entre ordinateurs, jetant les bases de ce qui allait ensuite devenir le réseau internet.



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