Acier: la carte qui montre la dépendance de l'Afrique
Une usine fumante et de l'acier en fusion sortant d'un haut fourneau. Telle est l'image de la croissance et de la révolution industrielle dans le monde. Bâtir une sidérurgie puissante a longtemps été le symbole d'une industrialisation réussie... Reste à savoir si cette image est toujours d'actualité quand on sait que le mondre croule sous la production d'acier et que certains pays anciennement producteurs ne le sont plus ou quasiment plus (comme la France).
Néanmoins, difficile de penser que les pays puissent se développer sans être maîtres de leur production d'acier, matériau de base dans de très nombreux secteurs industriels, notamment la construction, domaine clef d'un continent dont la population continue à croître fortement et dont les villes grossissent de plus de 4% par an.
La carte suivante montre que l'Afrique est loin d'être un gros producteur d'acier. Pourtant, le minerai ne manque pas sur le continent, que ce soit en Mauritanie ou au Congo, mais l'extraction du fer ne représente que 4% de la production mondiale, alors que le continent en détiendrait 24% des réserves. Il est vrai que les investissements dans le secteur sidérurgique n'ont pas toujours donné les résultats espérés, que ce soit pour des questions de gestion ou en raison de la féroce concurrence internationale, née notamment de la surproduction chinoise.
Le tableau suivant montre la quantité d'acier produit en Afrique par pays. Avec deux pays d'Afrique du Nord, l'Algérie – qui affirme avoir de grandes ambitions dans ce secteur – et l'Egypte, l'Afrique du Sud est le principal producteur d'acier sur le continent.
Il est vrai que si la production est très faible, la carte suivante montre que seuls deux pays du continent africain apparaissent parmi les gros consommateurs d'acier. Il s'agit de l'Afrique du Sud et de l'Egypte.
Ces différents chiffres montrent combien l'Afrique reste un exportateur de matières premières non transformées et donc un importateur de produits à forte valeur ajoutée. Cela rend les différents pays exportateurs totalement dépendants des cours sur les marchés mondiaux et cela ne favorise bien sûr pas la création de capital local, l'emploi, le développement des techniques et d'une industrie nationale.
Un site consacré à l'économie africaine donne ainsi l'exemple de la Mauritanie dont l'économie dépend en grande partie de l'exportation du fer: «La différence observée sur les marchés entre les cours du fer et les alliages auxquels il concourt et à tonnage équivalent démontre tout l’intérêt que la Mauritanie aurait à valoriser son fer avant de l’exporter. Ainsi, quand la tonne de fer s’échange à 50 USD, la tonne d’acier inoxydable s’établit à 2.500 USD (soit 50 fois plus). Par ailleurs, le développement d’industries de transformation en Mauritanie aurait nécessairement un effet d’entraînement positif pour d’autres secteurs puisque ces industries nécessitent la construction de centrales électriques ou le renforcement des capacités du port de Nouadhibou.»
Autre exemple, le Nigeria, deuxième économie d'Afrique, annonçait en 2016 chercher des milliards de dollars pour réorienter son économie trop dépendante des cours erratiques du pétrole. Le pays envisage notamment de relancer sa production d'acier, et en premier lieu le site d'Ajaokuta. Un complexe sidérurgique qui n'a jamais fonctionné et qui pourrait démarrer grâce à des investissements chinois et russes.
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