Crash d'un avion en Corée du Sud : comment les aéroports français se prémunissent contre les risques liés aux oiseaux

Avec près de 300 décès humains et 250 avions détruits dans le monde depuis 1988, les collisions aviaires sont prises très au sérieux dans les aéroports du monde entier, y compris en France.
Article rédigé par franceinfo
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Gérard Lacroix, effaroucheur, arpente les pistes de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour chasser les oiseaux et les animaux qui peuvent gêner les avions, en juin 2014. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

La cause présumée du crash de l'avion en Corée du Sud est un choc avec des volatiles, selon les autorités. Il s'agit du plus grave accident aéronautique de l'histoire du pays : 179 personnes sont mortes, dimanche 29 décembre, après qu'un Boeing 737-800 d'une compagnie low cost a percuté un mur et s'est enflammé à l'atterrissage.

Depuis 1988, les collisions aviaires ont causé 262 décès humains et ont détruit 250 avions dans le monde, selon un groupe de travail spécialisé mis en place par l'aviation civile australienne. Ces collisions avec des volatiles sont donc prises très au sérieux, notamment en France, où chaque aéroport dispose d'effaroucheurs.

Une cinquantaine de collisions "sérieuses" par an

En France, de nombreuses collisions ont lieu entre des animaux sauvages et des avions. Elles sont au nombre de 905 en 2023, selon le dernier rapport de la DGAC, la Direction générale de l'aviation civile. Parmi ces collisions, 56 sont dites "sérieuses", c'est-à-dire qu'elles ont entraîné des dommages sur la structure ou les moteurs de l’avion et/ou des incidences sur la sécurité aérienne ou sur la poursuite du vol.

Les statistiques sont implacables : ces collisions ont lieu principalement au décollage et à l'atterrissage à des altitudes assez basses, comprises entre 0 et 50 pieds, soit 15 mètres. Les collisions en vol sont beaucoup plus rares, mais elles ne sont pas impossibles. En 2021, un avion de tourisme s’était écrasé dans le département de la Seine-et-Marne, après avoir percuté un cormoran en vol. La plupart des collisions sont provoquées par les rapaces.

Pour éviter des catastrophes, tous les aéroports français ont donc des "agents de prévention du péril animalier". En région parisienne, ils sont ainsi une trentaine et ils interviennent tous les jours, du lever du soleil à la tombée de la nuit, comme le prévoit la réglementation des aéroports.

Haut-parleurs, pyrotechnie et agents armés

Plusieurs moyens sont utilisés pour faire fuir les volatiles, comme la pyrotechnie, des lasers mais surtout des haut-parleurs fixes aux abords des pistes et du personnel au sol dans des véhicules équipés.

Les agents sont d'ailleurs tous munis d'un permis de chasse, explique Aymeric Staub, porte-parole des aéroports de la Côte d'Azur, "ce qui signifie qu'ils sont parfaitement compétents et aptes à reconnaître des oiseaux, même de loin, pour savoir exactement ce qu'ils sont comme type d'oiseaux, quels seraient leurs prédateurs pour pouvoir les effaroucher, quels sont, surtout, leur comportement et leur dangerosité. Donc il y a, d'abord et avant tout, l'effaroucheur sonore : ils ont dans leur véhicule une sorte d'ordinateur qui répertorie les cris d'un certain nombre de prédateurs naturels. Et en fonction des oiseaux qu'il faut faire fuir, ils actionnent cet engin sonore", précise le porte-parole posté à Nice depuis 6 ans. 

Aymeric Staub précise : "Ils peuvent aussi utiliser des éléments pyrotechniques qui permettent, là aussi, de faire fuir les animaux sans les blesser. En dernier recours, ils sont habilités à utiliser des armes létales. Mais c'est un dernier recours et c'est extrêmement, extrêmement rare, depuis que je travaille à l'aéroport Nice-Côte d'Azur, ce n'est jamais arrivé", précise le porte-parole posté à Nice depuis 6 ans. Nantes est le seul aéroport français civil à posséder sa propre fauconnerie qui comprend trois effaroucheurs et trois buses dont les missions sont d’effrayer les oiseaux.

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