Plainte contre 17 compagnies aériennes : "Elles font croire au consommateur qu'il va finalement équilibrer son bilan carbone", dénonce l'association CLCV
"Les compagnies font croire au consommateur qu'il va finalement équilibrer son bilan carbone", a dénoncé jeudi 22 juin sur franceinfo François Carlier, délégué général de Consommation, Logement et Cadre de Vie (CLCV). L’association de défense des consommateurs fait partie des 22 associations de 18 pays, membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), qui ont déposé plainte auprès de la Commission européenne contre 17 compagnies aériennes, dont Air France- KLM, pour greenwashing et pratiques commerciales trompeuses envers les consommateurs.
"Le transport aérien propose des suppléments qui peuvent être très élevés" pour du "carburant vert" qui "n'existe pas pour l'instant dans l'aérien", explique François Carlier. En réalité, ces suppléments financent "la recherche et le développement" sur le carburant durable. Une pratique "douteuse", estime-t-il.
De son côté, la compagnie Air France assure avoir incorporé "1%" de carburant vert "sur l’ensemble de ses vols au départ de France depuis le 1er janvier 2022, conformément à la réglementation". D’ici 2030, Air France et le Groupe Air France-KLM "visent l’incorporation d’au moins 10% de carburant d’aviation durable sur l'ensemble des ses vols".
franceinfo : Pourquoi avez-vous porté plainte ?
François Carlier : Le transport aérien ne se contente pas de dire notre activité est verte, notre activité est écologique, c'est déjà un problème en soi s'agissant de l'aviation, mais il propose sur les billets d'avion de payer un supplément vert qui vient récompenser un engagement écologique. Ce supplément peut être à des montants tout à fait élevés et vient supporter une pratique qui, en réalité, est quand même assez douteuse, c'est le carburant durable. Le carburant durable, en réalité, c'est un carburant qui n'existe pas pour l'instant dans l'aérien. Il est en voie de recherche et de développement. Quand il existera, ce sera une petite quantité. Le transport aérien propose des suppléments qui peuvent être très élevés.
"Sur un Paris-New York à 1 000 euros aller-retour au mois de juillet pour un billet, on peut prendre un supplément vert à 31 euros, mais aussi à 156 euros, mais aussi à 623 euros. La personne aura vraiment l'impression de complètement annuler l'impact CO2 de son trajet. Ce carburant durable n'est vraiment pas crédible."
François Carlier, délégué général de CLCVsur franceinfo
Ce n'est pas possible de payer pour réduire son bilan carbone ?
Exactement. En fait, les compagnies font croire au consommateur qu'il va finalement équilibrer son bilan carbone alors que ce n'est pas le cas. Il va simplement apporter de l'argent à la compagnie aérienne pour développer de la recherche-développement. La recherche-développement, c'est une bonne chose, mais ce n'est pas pareil que de demander de l'argent pour vraiment que ça soit réellement de la consommation verte. Quand on achète une tomate bio, c'est vraiment une production selon le cahier des charges du bio. Là, c'est juste de l'argent qu'on amène à la compagnie aérienne principalement pour la recherche et développement.
Allez-vous porter plainte aussi contre Emmanuel Macron qui a fait le VRP de l'avion vert au Salon du Bourget ?
Que l'on réfléchisse sur l'avion vert, c'est une chose, que l'on se programme d'un point de vue industriel, d'un point de vue de l'entreprise, c'est une chose, mais à partir du moment où ça se met dans l'espace commercial du consommateur, ça pose vraiment un problème. La question se pose de la pratique commerciale trompeuse. Et c'est pour ça qu'on saisit le corps de contrôle de la Commission européenne.
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