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Alitalia : Berlusconi sous pression

Le chef du gouvernement italien est soumis à forte pression sur le dossier Alitalia. La compagnie aérienne nationale -qu'il s'était engagé à sauver lors des élections d'avril- se dirige inexorablement vers la faillite après le retrait de l'unique offre de rachat.
Article rédigé par franceinfo
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Alitalia fonctionnait normalement aujourd’hui, au lendemain de l'échec des pourparlers entre les syndicats et le repreneur CAI qui devrait signifier, sauf coup de théâtre, la mise en liquidation de la compagnie aérienne dans les jours qui viennent. Alitalia a annulé 20 vols dans la journée à l'aéroport de Rome-Fiumicino mais souligné que cela était dû à des facteurs purement opérationnels et ne signifiait pas que la compagnie ne pouvait plus payer son kérosène.

L'administrateur judiciaire nommé en août doit s'entretenir lundi avec les responsables de l'aviation civile italienne ENAC pour voir si Alitalia peut conserver sa licence. La société perd deux millions d'euros par jour et vit sur un prêt de 300 millions d'euros que lui a accordé le gouvernement. "S'il n'y a rien de concret sur la table, les avions ne seront plus autorisés à décoller dans une semaine, tout au plus dix jours", a déclaré le président de l'ENAC au quotidien financier MF.

De son côté, le gouvernement a fermement exclu une renationalisation de l'entreprise, dont le sauvetage constituait l'une des principales promesses de campagne du président du Conseil Silvio Berlusconi, revenu au pouvoir en avril. "L'Etat ne renationalisera pas Alitalia", a déclaré Giulio Tremonti, le ministre de l'Economie italien, selon une source proche du gouvernement. La presse italienne suppute que Rome - qui détient 49,9% de la compagnie aérienne sous la protection de la loi sur les faillites - pourrait racheter le solde du capital afin de garantir un avenir à la société. "L'Union européenne ne le permet pas et nous ne le voulons pas", a déclaré lors d'un débat télévisé le ministre du Travail, Maurizio Sacconi.

La faillite probable d'Alitalia constitue "la première défaite du gouvernement Berlusconi et une victoire - dont il reste à mesurer l'ampleur - pour l'opposition et certains syndicats", écrit le quotidien de Turin La Stampa. "Mais avant tout, il s'agit une défaite pour notre pays", souligne-t-il. Pour le gouvernement, le seul espoir réside dans un revirement des six syndicats sur neuf qui ont refusé les conditions de reprise fixées par le consortium d'investisseurs CAI. "Il n'y a pas d'alternative à CAI. Nous devons revenir à la table de négociations parce qu'il n'y a personne d'autre en lice", a dit Maurizio Sacconi.

L'administrateur judiciaire a révélé avoir sollicité en vain récemment trois grandes compagnies aériennes européennes, dont Air France qui avait déposé naguère une offre, repoussée par les syndicats et critiquée par Berlusconi. "J'ai personnellement contacté les présidents d'Air France, de Lufthansa et de British Airways. Ils ont décliné mon invitation à faire une proposition, tout en exprimant leur intérêt pour le marché italien", écrit Augusto Fantozzi dans une lettre ouverte publiée par le Corriere della Sera.

Caroline Caldier avec agences

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