Deliveroo : "Les plateformes se servent du statut d'auto-entrepreneur pour faire ce qu'elles veulent"
En colère, les livreurs de repas se mobilisent de nouveau pour leurs conditions de travail. Jérôme Pimot, porte-parole du Collectif des livreurs autonomes de Paris, dénonce l'abus du statut d'auto-entrepreneur imposé aux livreurs.
Alors que les livreurs à vélo sont à nouveau appelés à manifester, lundi 28 août, contre les méthodes de Deliveroo. La plateforme de mise en relation entre restaurants et clients veut désormais payer les livreurs à la course, et non plus à l'heure. Jérôme Pimot, porte-parole du Collectif des livreurs autonomes de Paris, a dénoncé, sur franceinfo, l'abus du statut d'auto-entrepreneur imposé aux livreurs.
franceinfo : Vous manifestez à nouveau après avoir déjà manifesté cet été. Vous n'avez donc rien obtenu de la part de la direction de Deliveroo ?
Jérôme Pimot : Toujours pas. On avait manifesté en réaction, non pas de la tarification, mais des méthodes. Entre le 11 août et maintenant, on a défini, avec les autres livreurs de toute la France une tarification minimum, une revendication qui fait qu'on ne peut pas être payés moins de vingt euros de l'heure. Les livreurs qui ont fait des statistiques, notamment à Lyon, sur la base de plusieurs mois d'exercice, perdent aux alentours de 30%. Cela représente du chiffre d'affaires, pas du salaire. Tout est sur l'abus de langage entre travailleurs indépendants et auto-entrepreneurs. On reste sur ce qui ressemble à du salariat déguisé.
Deliveroo affirme qu'un nouvel algorithme va être mis en place et qu'il permettra moins de temps mort entre les courses. Est-ce une solution ?
C'est d'autant plus faux que nos chiffres, issus de la réalité du terrain, ne disent pas cela. Deliveroo reste dans du concept marketing depuis le début. Ils nous ont appâtés avec des tarifications séduisantes qui permettaient à une petite quantité de livreurs d'arriver à faire des chiffres d'affaires confortables. Sauf que, depuis, les livreurs ont été multipliés par dix et que la clientèle n'a pas suivi, parce qu'elle a le choix d'autres plateformes.
Vous dénoncez le statut d'auto-entrepreneur ?
On ne manifeste pas contre le statut d'auto-entrepreneur, on manifeste contre l'abus du statut d'auto-entrepreneur. Il y a un tas d'auto-entrepreneurs qui sont contents. Sauf que l'auto-entreprenariat tel qu'il est chez les livreurs à vélo est un statut qui nous est imposé. Et, évidemment, les plateformes se servent de ce statut pour faire ce qu'elles veulent avec des employés qui sont atomisés, qui ne sont pas fédérés au sein d'une structure salariale, syndicale, comme on en voit dans une usine ou une structure classique.
Vous demandez également des formations en terme de sécurité, d'hygiène, pourquoi ?
Le tarif à la course va pousser les jeunes à rouler le plus vite possible, parce qu'ils ne sont payés que quand ils rouleront. Les accidents sont pléthoriques. Quand j'ai commencé chez Deliveroo, on était une petite dizaine à un seul endroit. Tous les jours, quand on se réunissait, il y en avait un qui avait un accident à raconter. Quand il y a un accident, la direction ne fait rien, elle nous souhaite juste un bon rétablissement. Quand on revient, quelques semaines plus tard, on s'aperçoit que toutes les place sur lesquelles on s'était inscrit ont disparu. Il faut essayer de les récupérer petit à petit, et donc ça prend énormément de temps, c'est du chiffre d'affaires en moins.
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