Action collective après des moteurs défectueux : Renault devra "trouver des solutions de compromis", selon un spécialiste
L'affaire pourrait coûter à Renault entre "1 et 8 milliards d'euros" estime Bernard Jullien, économiste à l’université de Bordeaux.
Bernard Jullien, économiste, maître de conférence à l’université de Bordeaux, spécialiste de l'industrie automobile, estime ce mardi sur franceinfo que Renault devra "trouver des solutions de compromis" alors que plusieurs utilisateurs de voitures Renault, Nissan, Dacia lancent ce mardi une action collective contre le groupe automobile après des usures prématurées, voire des casses de leur moteur. "Renault avait réussi à limiter, non pas la casse moteur, mais la casse financière. Il va falloir provisionner dans un moment où Renault n’est pas en super forme", explique-t-il. Une action collective qui pourrait coûter entre "1 et 8 milliards d’euros" au constructeur français.
franceinfo : Pour Renault, c'est aux conducteurs d'être vigilants. Est-ce que ce n'est pas un peu facile?
Bernard Jullien : Évidemment, juridiquement, il va falloir trouver une cote un peu mieux taillée entre les intérêts des consommateurs et puis les intérêts de l'industrie. Ce qui est vrai, c'est que toute innovation dans le domaine des moteurs entraîne un certain nombre de prises de risques. On sait que les constructeurs automobiles, français en particulier, ont été obsédés par le diesel pendant des années. Et puis, tout d'un coup, entre 2012 et 2020, il a fallu sortir des moteurs essence et cela s'est fait dans l'urgence. On a fait vite. Et comme on le sait, les émissions de carbone des véhicules essence ne sont pas très favorables alors on a essayé de résoudre la quadrature du cercle et on a pensé que ça passerait.
Ces moteurs ne sont plus fabriqués, mais il y a encore beaucoup de véhicules concernés qui sont en circulation ?
ll y a de très nombreux véhicules. Évidemment, tous n'ont pas cassé, un certain nombre roule encore et donc, la stratégie de Renault jusqu'ici, puisqu’on n’est pas habitué en France à ces "class actions", c'était de gérer les dossiers individuellement. Et en gros, si les gens criaient très fort, on leur donnait de l'argent et s’ils ne criaient pas très fort, on les laissait crier. Mais maintenant le jeu est assez différent et va obliger Renault à trouver une autre stratégie car la gestion technique et commerciale de ce moteur a, d'évidence, été un peu légère.
Rappeler tous les véhicules concernés, cela coûterait cher à Renault ?
Pour l'instant, on est au début du dossier juridique. Le ministère avait dit qu'il n'y avait pas de danger pour la santé publique, pour la sécurité routière, donc on ne rappelle pas sur ces motifs-là. Par contre, est-ce qu’il y a tromperie ou pas ? Est-ce que les gens peuvent être indemnisés à la hauteur de la valeur de leur véhicule ? Ou, comme le dit l'avocat qui engage la "class action", au-delà parce qu'ils ont subi des dommages ? En gros, l'enveloppe se balade entre 1 et 8 milliards d’euros.
Évidemment, il va falloir trouver des solutions de compromis. Pour l'instant, Renault avait réussi à limiter, non pas la casse moteur, mais la casse financière. Il va falloir provisionner, dans un moment où Renault n’est pas en super forme, des coûts qui n'étaient pas prévus au programme.
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