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Moteurs défectueux : "Ma voiture s'est arrêtée sur l'autoroute", témoigne une conductrice qui participe à une action collective contre Renault

Plusieurs utilisateurs de voitures Renault, Nissan, Dacia lancent ce mardi une action collective contre le groupe automobile après des usures prématurées, voire des casses de leur moteur. 

Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des automobilistes lancent mardi 11 janvier une action en justice contre Renault pour ses moteurs déféctueux.  (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Après le "dieselgate" qui a ébranlé Volkswagen, certains parlent déjà de "motorgate". Entre 2012 et 2016, plusieurs utilisateurs de voitures du groupe Renault-Nissan-Dacia équipées de moteurs 1.2 TCe ou DIG-T constatent une surconsommation d'huile, une usure prématurée, voire signalent une casse du moteur qui les a mis en danger. Ce moteur, installé sur 400 000 voitures au total, a finalement été abandonné en 2018. Mardi 11 janvier, plusieurs plaignants débutent une procédure pour exiger que Renault fournissent des documents relatifs à ces incidents. Leur avocat doit déposer un référé.   

Hervé est l'un des premiers plaignants. Après avoir acheté sa Dacia en 2013, il constate rapidement que sa voiture a un problème. "Même pendant la période de garantie, j'ai eu quelques symptômes, indique-t-il, des petits bruits lors de certaines accélérations." Puis progressivement, il observe une consommation d'huile "de plus en plus forte" jusqu'à ce que le diagnostic tombe : "Le moteur est bon à remplacer après cinq ans et deux mois." Mais Renault refuse toute prise en charge. Le groupe estime que Hervé "n'a pas respecté scrupuleusement le carnet d'entretien", affirme le conducteur. "On n'a eu aucune aide."

Hervé crée alors un groupe Facebook, plusieurs cas sont signalés et l'UFC Que-Choisir se saisit de l'affaire. Mais en novembre 2019, le ministère de la Transition écologique considère qu'il n'y a pas lieu de rappeler tous les véhicules et Renault estime pouvoir traiter au cas par cas. 

Les incidents se poursuivent 

En septembre 2021, Stéphanie conduit sa Clio 1L2 TCe de 2016 sur l’autoroute quand elle se fait une énorme frayeur. "Un premier voyant s'est allumé, puis un second puis la voiture s'est arrêtée sur l'autoroute", témoigne-t-elle. "Fort heureusement j'étais sur la voie de droite. Mais les autres voitures et certains camions me klaxonnaient et je ne savais pas quoi faire, se souvient-elle. Je ne m'attendais pas du tout à ça, vu que la voiture était récente et bien entretenue." Finalement Stéphanie réussit à utiliser la pente pour se garer sur la bande d'arrêt d'urgence. Renaut refuse de prendre en charge l’incident, considérant que l’entretien n’a pas été entièrement fait dans les règles.

Me Lèguevaques défend ces automobilistes. Selon l'avocat, le groupe automobile est en plein déni : "Depuis 2015, il a trompé les consommateurs sur les qualités substantielles du moteur, affirme-t-il. Ce vice peut entraîner une casse-moteur, alerte l'avocat, c'est ce danger que nous reprochons principalement à Renault. Danger que la société nie ou qu'elle essaye de faire passer pour très rare."

"On voudrait que Renault prenne le taureau par les cornes en rappelant les véhicules qui sont dangereux, pour éviter cette atteinte à la sécurité qui concerne tout le monde."

Me Lèguevaques, avocat des plaignants

à franceinfo

Renault attend le contenu de la plainte pour s’exprimer mais précise que plus de 90% des cas ont été traités. Le constructeur affirme également que pour la plupart des incidents, il s’agit de simples surconsommations d’huile et qu’il y a des signes avant-coureurs qui précèdent la casse-moteur, qui doivent alerter les conducteurs concernés. 

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