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Bosch à Rodez : "Le groupe est confronté à un problème d'emploi à l'échelle mondiale"

Emmanuel Paillet, expert du secteur automobile pour le cabinet Syndex, était invité samedi sur franceinfo alors qu'à Onet-le-Château, dans l'Aveyron, où se trouve un site Bosch en difficulté, une "grande marche" pour la défense de la filière est organisée.

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Une manifestation d'employés de Bosch devant le site d'Onet-le-Chateau, dans l'Aveyron, le 26 janvier 2018. (JOSE A. TORRES / AFP)

"Le groupe Bosch est confronté à un problème d'emploi à l'échelle mondiale", analyse samedi 13 avril sur franceinfo Emmanuel Paillet, expert du secteur automobile pour le cabinet Syndex, alors qu'une "grande marche" est organisée cet après-midi à Onet-le-Château près de Rodez (Aveyron). Avec le déclin du diesel, les 1 600 salariés craignent pour leurs emplois. "Un crash de cette filière ce serait l'équivalent pour Toulouse métropole d'un crash d'Airbus", indique à cet égard le maire de Rodez, qui appelle les constructeurs français "à faire preuve d'autant de patriotisme économique que les constructeurs allemands qui eux soutiennent leur production nationale et exigent de leurs fournisseurs 30 à 40% de production locale."

franceinfo : Le diesel représentait trois quarts du marché en 2012. Il est passé à 48% en 2017. C'est ce qui explique les difficultés de l'usine de Rodez ?

Emmanuel Paillet : Oui, complètement. Elle a subi la baisse très forte de cette motorisation depuis maintenant plus d'un an et demi. Une baisse continue mais qui s'accélère et qui se poursuit. En résumé, on a une usine qui fabrique des composants pour un marché qui se réduit.

Pourquoi les changements et les mutations de l'industrie n'ont pas été mieux anticipés ?

Toute la filière se prépare à cette transition vers des moteurs de plus en plus électrifiés, de l'hybride d'abord, puis du 100% électrique, mais il y a eu un effet d'accélération ces derniers mois qui lui n'a pas été anticipé. On est donc confronté à des acteurs de l'automobile, et surtout des équipementiers, qui sont obligés de continuer à fournir des motorisations diesel et qui maintenant se retrouvent à devoir fournir plus de moteurs essence dans des proportions qui n'ont pas été anticipées à ce niveau-là.

Bosch a promis des investissements sur le site de Rodez mais en exigeant des contreparties sociales aux salariés. C'est aussi un autre problème ?

Il faut comprendre qu'il y a deux effets qui pèsent sur les équipementiers. Premièrement, les constructeurs français qui cherchent à refaire leur marge exercent une pression très forte sur les équipementiers. Cela suppose pour les équipementiers de réduire leurs prix de vente, de produire au coût le plus faible et, dans la plupart des cas, de transférer la production vers des pays à bas coûts. Le deuxième effet est lié à la transition technologique. On développe des systèmes pour demain qui sont très coûteux, des moteurs électrifiés mais aussi tout ce qui concerne les composants et les systèmes de véhicules autonomes. On en parle beaucoup, pour l'instant on en voit peu, mais ce sont les investissements de maintenant qui feront les produits de demain.

Est-ce que les sous-traitants pourraient se réadapter à ces mutations ?

Ces technologies arriveront en masse sur le marché d'ici 4 à 6 ans mais transformer aujourd'hui une usine comme celle de Rodez, c'est en réalité un problème qui se pose au niveau mondial pour Bosch. Le groupe embauche 50 000 personnes dans le monde qui travaillent sur des composants diesel. À partir du moment où son marché se tarit et que se développent un peu plus de motorisations dites essences, hybrides ou électrifiés qui ont un contenu en emploi plus faible, le groupe Bosch est forcément confronté à un problème d'emploi. Pas seulement à Rodez, mais à l'échelle mondiale. Il doit accompagner la décrue de son outil de production diesel et cela passe forcément par une réduction des effectifs qui sont associés à ce type de production.

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