Carburants : pourquoi les prix à la pompe repartent à la hausse depuis le début de l'année 2024
Après une baisse significative des prix au dernier trimestre de l'année 2023, le vent a tourné pour les automobilistes et les consommateurs. Sans atteindre les prix historiques de février et mars 2022, les carburants se rapprochent de nouveaux sommets dans les stations-service. Cette envolée des tarifs est commune à tous les carburants, d'après les dernières données publiées par le ministère de la Transition écologique et de Cohésion des Territoires, vendredi 5 avril.
En quatre mois, le prix du sans-plomb 98 a atteint 1,98 euro le litre, contre 1,85 début janvier. Le sans-plomb 95-E10, a atteint 1,90 euro, soit une hausse de 13 centimes. Le sans-plomb 95 a connu un rebond similaire, atteignant 1,93 euro. Quant au gazole, il s'affiche à 1,79 euro le litre, contre 1,73 au début de l'année.
Les tensions géopolitiques créent de l'incertitude sur le marché
Le prix à la pompe est en partie déterminé par celui du pétrole. "Si on décompose le prix du carburant, vous trouvez plusieurs tranches : d'abord le prix du pétrole brut, puis celui du raffinage. A tout cela, il faut ajouter la marge de distribution et les taxes" prélevés par l'Etat, précise Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.
En Europe, le cours du baril de brent de la mer du Nord, fixé par le marché international, ne cesse de s'envoler depuis le mois de décembre, atteignant les 91 dollars (84,80 euros) le baril, rapporte l'IFP Energies nouvelles, ex-Institut français du pétrole. "C'est cet effet pétrole qui se répercute sur les prix à la pompe, puisque la part des marges et des taxes reste stable", note Céline Antonin.
Depuis janvier, "le brent a augmenté de plus de 18%", explique l'organisme dans une note publiée lundi 8 avril. Ces fluctuations sont provoquées par l'actualité internationale, notamment les guerres entre l'Ukraine et la Russie et entre Israël et le Hamas. "Il y a une géopolitique de l'offre qui est très tendue avec des conflits au Moyen-Orient, des attaques contre des raffineries survenues notamment en Russie et des attaques en mer Rouge", analyse Céline Antonin. "Tous ces événements mettent de la pression sur les prix."
Plusieurs pays exportateurs coupent volontairement leur production
Une stratégie coordonnée de plusieurs pays producteurs alimente également cette spirale inflationniste. Début mars, l'Arabie saoudite, la Russie et plusieurs pays exportateurs regroupés dans le cadre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont prolongé leurs coupes volontaires jusqu'à mi-2024 pour tenter de soutenir les cours.
Le ministère saoudien de l'Energie a ainsi annoncé le 3 mars une réduction de sa production d'un million de barils par jour pour la période d'avril à juin. Moscou a pour sa part averti d'une coupe de 471 000 barils quotidiens dans sa production. "Cette non-augmentation de l'offre pèse dans l'équilibre offre-demande", soutient Céline Antonin. "Vous avez d'un côté une demande qui va progresser de 1,5% cette année, et de l'autre une offre de 0,9%. Un différentiel se crée, faisant augmenter mécaniquement les prix".
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