Pourquoi les prix à la pompe restent chers alors que le cours du pétrole s'effondre
En un an, le prix du baril de pétrole a été divisé par deux. A la pompe, en revanche, la baisse est nettement moins forte.
Semaine après semaine, le prix du baril de pétrole poursuit sa dégringolade. En un an, et pour différentes raisons (surproduction, ralentissement de la croissance mondiale, crise financière en Chine, levée des sanctions contre l'Iran…), le cours du Brent a chuté plus que de moitié, passant de 113 dollars en juillet 2014, à environ 47 dollars, ces derniers jours. Mais à la pompe, si les prix ont bien reculé ces derniers mois, les automobilistes l'ont tous constaté : ils restent très élevés.
Et pour cause : quand le pétrole a perdu 58% de sa valeur, le prix du litre de gazole a baissé de seulement 16% en France, et celui du sans plomb 95 n'a perdu que 10%. Francetv info se penche sur les raisons qui expliquent cet écart.
Parce que le pétrole ne représente qu'un tiers du prix
Pour comprendre les raisons de ce décalage, il faut d'abord se pencher sur le calcul du prix d'un litre d'essence : selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), les diverses taxes qui s'appliquent sur les carburants représentent pas moins de 60% du prix à la pompe, quand la matière première, le pétrole, n'en représente qu'un tiers. La marge de distribution tourne, elle, autour de 6%. Du coup, lorsque le cours du pétrole brut s'effondre, ce n'est qu'une petite partie du prix du carburant qui dégringole.
Parce que les compagnies pétrolières en profitent
La baisse du prix à la pompe est d'autant plus limitée que les compagnies pétrolières ont profité de la baisse du cours du brut pour augmenter leurs marges. Selon des chiffres du ministère de l'Ecologie et du Développement durable, récemment publiés par Le Parisien, la marge de raffinage est passée de 8 euros la tonne en juin 2014 à 46 euros en janvier 2015 et a même connu un pic à 63 euros au mois d'août.
"Ce sont ainsi plus de 4 centimes supplémentaires sur chaque litre acheté qui partent directement dans la poche des raffineurs. Un niveau inégalé depuis près de deux décennies", souligne Le Parisien. Le quotidien a ainsi calculé que, depuis le début de l'année, les Français auraient pu économiser 1,3 milliard d'euros, qui ont finalement été dépensés au profit des pétroliers. "Il est absolument anormal que les pétroliers en profitent pour regonfler leurs marges et rattraper ainsi des pertes occasionnées ces dernières années", s'emporte le président de l'association de consommateurs CLCV, François Carlier.
Parce que le prix du baril reste, malgré tout, élevé
Pour connaître une véritable baisse à la pompe, il faudrait que le prix du baril de pétrole s'effondre encore plus. Car même si le cours du Brent a largement chuté depuis un an, "il reste cinq fois plus élevé qu'en 1999, où il atteignait seulement les 10 dollars le litre, souligne l'économiste Hervé Péléraux, chercheur à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), interrogé par francetv info. Pour des effets plus durables et plus significatifs, il faudrait connaître une nouvelle baisse de 50%, ce qui n'est pas envisagé."
Parce que la consommation en France ne ralentit pas
Selon les derniers chiffres de l'Ufip, "entre le 1er août 2014 et le 31 juillet 2015, la consommation française de carburants a atteint 50,38 millions de mètres cubes, en légère hausse de 1% par rapport à la consommation des douze mois mobiles précédents". Pas vraiment de quoi inciter à une forte baisse des prix.
Il n'empêche. Une baisse de 10 à 15% sur un litre de carburant, représente entre 5 et 7,50 euros d'économie sur un plein de 50 litres. Même si le consommateur ne le ressent pas toujours en regardant la pompe, "les économies réalisées grâce à un prix du carburant plus bas libèrent des marges de pouvoir d'achat significatives", souligne Hervé Péléraux. Une bonne nouvelle pour tous les automobilistes.
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