On vous explique pourquoi les auto-écoles protestent contre la réforme du permis de conduire
Plusieurs syndicats d'auto-écoles reprochent à l'exécutif de vouloir baisser le prix du permis de conduire en favorisant les plateformes sur internet.
Rassemblements aux portes de Paris, opérations escargots sur les autoroutes franciliennes, perturbations à Bordeaux, Nice et Marseille... Les auto-écoles se manifestent, lundi 11 février, contre un rapport parlementaire qu'ils accusent de favoriser l'apprentissage de la conduite via des plateformes sur internet. D'après eux, le texte – qui n'a pas encore été rendu public – impliquerait une "ubérisation de leur profession". Franceinfo fait le point sur ce bras de fer autour de la réforme du permis de conduire.
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Que contient ce rapport ?
Ce rapport a été rédigé par la députée LREM du Gard Françoise Dumas et a été remis au Premier ministre, vendredi dernier. Il n'a pour l'instant pas été rendu public, mais les trois organisations de la profession – CNPA, Unidec, Unic – font déjà front uni. "On ne sait pas ce qu’il y a dedans. Madame Dumas a bien voulu nous lire une partie. On peut imaginer que ce qu’elle ne nous a pas dit est peut-être le pire pour nous parce que je ne l’ai pas sentie très à l’aise", explique Philippe Colombani, président fondateur du syndicat l'Unic.
En novembre, Emmanuel Macron avait promis une baisse "drastique" du coût du permis de conduire, qui tourne autour de 1 800 euros en moyenne selon une étude de l'UFC-Que Choisir en 2016. Pour cela, les auto-écoles s'attendent à ce que le rapport préconise de généraliser l'inscription à l'examen en candidat libre et d'assouplir les conditions d'enseignement de la conduite, en abandonnant l'obligation d'avoir un local. Autant d'éléments qui favoriseraient les plateformes sur internet, selon les auto-écoles.
Que dénoncent les auto-écoles ?
Les syndicats de la profession sont opposés à ce projet de réforme du permis, synonyme selon eux d'une "ubérisation de la profession". "On ne veut pas que la formation au permis de conduire soit associée à des formations 'low cost'. On n'est pas contre les nouveaux arrivants, mais tout le monde doit être soumis aux mêmes règles", abonde le président de l'Unidec, Patrick Mirouse.
De son côté, Patrick Bessonne, le président du syndicat majoritaire CNPA-Education routière, accuse l'exécutif de vouloir créer un "système hors-sol". "Nous ne sommes pas des auto-écoles de l'ancien monde, comme on nous présente parfois, mais des auto-écoles de proximité, affirme-t-il.
Tuer la proximité, c'est tuer la qualité. Et quand la qualité de l'enseignement du permis de conduire est bradée, ça devient un permis de tuer.
Patrick Bessonne, président du CNPA-Education routière
"C’est un choix de société pour moi, ça va plus loin que la défense des auto-écoles", continue auprès de franceinfo Philippe Colombani, président fondateur du syndicat l'Unic. "Est-ce que le monde moderne, c’est la précarisation des travailleurs ? (...) Si le monde moderne, c’est la destruction des acquis sociaux et du salariat, j’appelle ça revenir au XIXe siècle."
Les syndicats contestent également le coût, prétendument plus cher, que celui des systèmes en ligne. "Des élèves mal préparés vont rater l'examen, devront le repasser et paieront au final plus cher qu'annoncé", affirme Patrick Bessone.
Que proposent les auto-écoles pour faire baisser les prix ?
Les syndicats lancent plusieurs pistes : le développement de cours collectifs et des simulateurs de conduite ou la meilleure orientation des élèves vers les dispositifs d'aide, comme le permis à un euro par jour. Surtout, ils réclament une baisse de la fiscalité à laquelle sont soumises les auto-écoles. "Le permis de conduire, c’est environ 70% de taxes et impôts divers, s'indigne Philippe Colombani, président de l'Unic. Que nos hommes politiques qui empilent les taxes et les impôts depuis des années se regardent un peu dans une glace et se disent que, si on en est arrivé là, c’est peut-être aussi de leur faute."
Aujourd’hui, l’État a deux solutions pour faire baisser le prix du permis. Soit il baisse la pression fiscale, soit il passe à l’ubérisation de la profession, à la précarisation.
président de l'Unic
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