Pollution automobile : pour éviter des amendes, le groupe Stellantis est prêt à acheter des crédits d'émission à Tesla

Depuis le 1er janvier 2025, les constructeurs automobiles doivent en effet réduire leurs émissions de dioxyde de carbone de 15% par rapport à 2021.
Article rédigé par franceinfo
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Une chaîne de montage d'une usine Stellantis, dans le Nord, en octobre 2022 (photo d'illustration). (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Racheter des "droits à polluer". Le groupe Stellantis - et ses 15 marques automobiles, dont PSA et Fiat Chrysler - ainsi que les constructeurs Toyota, Ford, Mazda et Subaru sont prêts à acheter des crédits d'émissions de CO2 à Tesla et Volvo pour éviter des amendes, selon un document publié par la Commission européenne.

Ces constructeurs automobiles, qui produisent toujours des véhicules thermiques, vont donc acheter ces "droits à polluer" aux constructeurs de véhicules électriques. Les constructeurs "100% électriques" sont soumis aux mêmes normes que les autres : or, comme leurs véhicules n’émettent pas de CO2 en roulant, ils sont évidemment totalement dans le vert... contrairement aux producteurs de véhicules thermiques qui craignent d’être dans le rouge en 2025.

Cette possibilité de rachat de crédits d'émission est ainsi, en quelque sorte, une assurance anti-amende en cas de dérapage vis-à-vis des nouvelles normes antipollution de l’Union européenne.

C'est ce qu'ont donc décidé de faire pour l'année 2025 Stellantis (avec ses marques comme Peugeot, Citroën, Fiat ou Alfa Romeo), Toyota-Lexus (4e groupe en Europe), Ford (3% du marché sur les onze premiers mois de 2024) et les plus petites marques japonaises Mazda et Subaru, en s'alliant avec le pionnier de l'électrique Tesla (2,2% du marché).

Une amende pour chaque gramme de CO2

En cause : depuis le 1er janvier 2025, les constructeurs automobiles doivent en effet réduire leurs émissions de dioxyde de carbone de 15% par rapport à 2021. Un seuil considérable : c’est un cinquième de moins que les émissions autorisées en 2024 pour les véhicules immatriculés en Europe.

Ce règlement dit "CAFE" ("Corporate Average Fuel Economy") a été renforcé à 93,6 grammes de CO2/km en moyenne (une Renault Clio thermique de base en émet 120 par exemple, une Clio hybride, 95, et une Mégane électrique, zéro), avec des barèmes adaptés à la production de chaque constructeur. Cette nouvelle législation les force à écouler environ une voiture électrique sur quatre modèles vendus. Mais sur un marché automobile européen très ralenti en 2024, les ventes d'électriques ont progressé plus lentement qu'attendu.

Aussi, ces cinq constructeurs, qui représentent près de 30% du marché européen des voitures neuves, risquent de lourdes amendes avec le renforcement en 2025 des normes d'émissions de CO2 européennes. Une somme qui pourrait atteindre jusqu'à 15 milliards d'euros sur plusieurs années, selon le lobby européen de l'automobile, ACEA. Le niveau moyen de CO2 ne doit pas dépasser 93,6 grammes malgré les demandes répétées de l’association des constructeurs européens d’automobiles. Au-delà les constructeurs encourront une amende de 95€ par gramme excédentaire. 

Stellantis a confirmé que la participation à ce groupement l'aiderait "à atteindre les objectifs d'émissions (de CO2) pour 2025 tout en optimisant [l'utilisation de] ses ressources". "En même temps, nous continuons à nous concentrer sur le développement de technologies innovantes et à faibles émissions", a souligné un porte-parole. Cette stratégie de groupement, déjà pratiquée au cours des dernières années par Jaguar ou Honda, est contestée alors que certains constructeurs demandent plutôt une révision à la baisse des normes européennes.

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