Trois questions sur les accusations d'émissions excessives de polluants de deux modèles de Fiat Chrysler
Le groupe automobile américano-italien est accusé par les Etats-Unis de ne pas avoir révélé l'existence d'un logiciel masquant les émissions de la Jeep Cherokee et du Dodge Ram 500. Plus de 100 000 véhicules diesel seraient concernés.
Le constructeur automobile Fiat Chrysler a été accusé par les autorités américaines, jeudi 12 janvier, d'avoir truqué les moteurs de 104 000 de ses véhicules diesel aux Etats-Unis. Le groupe américano-italien aurait installé ce logiciel sur des modèles Jeep Cherokee et des camionnettes à plateau (pick-ups) Dodge Ram 500, fabriqués entre 2014 et 2016, et n'en aurait pas informé les autorités. C'est ce qu'affirme l'EPA, l'Agence américaine de protection de l'environnement, dans un communiqué.
Qu'est-ce qui est reproché à Fiat Chrysler ?
Selon l'EPA, les véhicules incriminés rejettent dans l'air davantage d'oxyde d'azote (NoX), un gaz tenu pour responsable de nombreuses affections respiratoires, que les normes autorisées.
Le constructeur a par ailleurs omis d'informer les autorités de l'existence de ces "auxiliaires d'émission" alors qu'il savait que c'était "obligatoire", assure l'agence, qui dit avoir trouvé "huit" pièces liées à ce programme dans les véhicules incriminés.
Le fait de dissimuler un logiciel qui affecte les émissions dans un moteur constitue une grave violation de la loi qui peut se traduire par une pollution néfaste de l'air que l'on respire.
Cynthia GilesUne responsable de l'Agence américaine de l'environnement
L'affaire rappelle le "Dieselgate", un scandale qui a impliqué le groupe automobile Volkswagen aux Etats-Unis en octobre 2015. Le groupe allemand avait ensuite reconnu avoir équipé 11 millions de véhicules du groupe avec un logiciel minimisant le niveau réel des émissions de gaz nocifs lors des contrôles de pollution. Le groupe a d'ailleurs accepté, mercredi, de payer 4,3 milliards de dollars et d'admettre sa culpabilité dans le cadre d'un accord négocié avec la justice américaine.
Mais l'EPA se garde toutefois de parler d'un logiciel "truqueur" comparable à celui utilisé par Volkswagen et qui avait pour but avoué de fausser le résultat des tests anti-pollution.
Comment a répondu le groupe américano-italien ?
Fiat Chrysler a vivement rejeté ces accusations. "Nous n'essayons pas de violer cette satanée loi (...), nous essayons de faire un travail honnête", a réagi le PDG de Fiat Chrysler, Sergio Marchionne. "Le groupe Fiat Chrysler attend avec impatience de démontrer (...) que sa stratégie de contrôle des émissions est correctement justifiée et ne s'apparente donc pas à un 'logiciel truqueur'", a assuré le groupe dans un communiqué où il affirme à plusieurs reprises avoir hâte de s'expliquer auprès de la "future administration" américaine.
D'autres constructeurs ont-ils fraudé ?
Aux Etats-Unis, Fiat Chrysler est le deuxième groupe automobile, après Volkswagen, à être pointé du doigt. En France, une commission technique indépendante, mise en place par la ministre de l'Environnement Ségolène Royal après l'affaire Volkswagen, avait compilé les tests de 86 véhicules. Résultat ? L'instance avait pointé de "nombreux dépassements". La commission n'avait donc pas exclu que d'autres constructeurs de voitures diesel aient pu avoir recours à des logiciels "tricheurs".
Mais les experts de la commission française, dont les travaux ont duré huit mois, ont affirmé dans leur rapport qu'"il n'a pas été possible d'avoir accès à l'ensemble des logiciels embarqués et, donc, aucune analyse des logiciels n'a été effectuée". "La commission ne peut donc pas se prononcer définitivement sur la présence ou absence de logiciels 'tricheurs' dans les véhicules testés."
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