Les trois plus grosses bourdes des agences de notation
L'erreur de Standard and Poor's jeudi n'est pas la première du genre. Les trois principales agences de notation ont déjà commis des erreurs similaires, avec parfois des conséquences importantes.
Une simple erreur de leur part et c'est toute la sphère financière qui tremble. Depuis quelques mois, les agences de notation sont de plus en plus critiquées et parfois même attaquées en justice. Les deux plus importantes, Standard & Poor's (S&P) et Moody's, ont commis d'importantes erreurs ces dernières années, la plus récente ayant directement touché la France jeudi 10 novembre.
1. Novembre 2011 : Standard & Poor's dégrade par erreur le AAA de la France
Il a suffi de quelques minutes pour semer le trouble. Standard & Poor's a annoncé par erreur, le 10 novembre, que la note de la France, un triple A, avait été dégradée. "A la suite d'une erreur technique, un message a été automatiquement diffusé à certains abonnés au portail de S&P Global Credit indiquant que la note de crédit de la France avait été changée", explique l'agence américaine.
"Ce n'est pas le cas, a-t-elle aussitôt corrigé : la note de la République française est inchangée à 'AAA', assortie d'une perspective stable, et cet incident n'est pas lié à une quelconque activité de surveillance de la note." A la demande de la France, l'Autorité des marchés financiers a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette affaire. De son côté, la Commission européenne a qualifié cette erreur d'"incident grave".
Au vu du contexte actuel, cette mauvaise manipulation aurait pu être prise au sérieux : depuis mi-octobre, la note française, la meilleure possible, a été mise sous surveillance pour les trois mois à venir par l’agence Moody's. Mais le message a été publié au moment de la clôture des Bourses européennes, et n'a donc pas eu de conséquences directes sur les marchés financiers.
2. Août 2011 : Standard & Poor's se trompe de 2 000 milliards, les Etats-Unis tremblent
C'est peut-être la plus grave erreur à ce jour. Début août, Standard & Poor's a dégradé la note américaine de AAA à AA+ sur la base de chiffres erronnés. L'agence s'était en effet trompée de 2 000 milliards de dollars (article en anglais) lors d'un calcul sur la dette américaine à dix ans, avant de faire son mea culpa (article en anglais). Malgré cette erreur de calcul, l'agence a maintenu son analyse, affirmant notamment qu'il existe un "risque politique" aux Etats-Unis qu'elle estime dangereux pour l'économie.
L'administration américaine n'a pas tardé à réagir. Sur le blog du département du Trésor (article en anglais), un haut fonctionnaire, John Bellows, a mis en cause l'"intégrité" de cette agence, jugeant que cette "erreur de base" était "dramatique". D'autres analystes ont cependant tempéré cette bavure, expliquant notamment que l'agence avait fait une confusion (article en anglais) assez compréhensible sur les différents indicateurs utilisés dans le calcul du budget de l'Etat.
L'autorité américaine des marchés financiers, la Securities and Exchange Commission (SEC), a récemment mis en garde les Etats-Unis sur la fiabilité de Standard & Poor's, ainsi que d'une dizaine d'autres (article en anglais). Mais la SEC reconnaît qu'elle ne peut juridiquement rien contre elles.
3. Début 2007 : Moody's surévalue plusieurs notes à cause de ses ordinateurs
Il ne s'agit plus cette fois d'une bourde, mais bien d'un problème technique. Au début de l'année 2007, l'agence Moody's a attribué par erreur la note AAA à des titres de dette qui auraient dû être notés quatre grades en-dessous. Selon le Financial Times, qui a révélé l'affaire en 2008, cette fausse annonce était due à un cryptage informatique défaillant (article en anglais), et non à une erreur humaine.
Les produits concernés, destinés à des investisseurs institutionnels européens, ont conservé leur notation AAA jusqu'en janvier 2008. "Moody's est amené à faire évoluer régulièrement ses modèles d'analyse pour différentes raisons. Il lui est déjà arrivé de le faire lors des occasions rarissimes où des erreurs ont pu être détectées", a expliqué l'agence au quotidien britannique, plus d'un an après les faits.
Cette affaire, confinée à des titres de dette de moindre importance, a néanmoins fait peser de sérieux doutes sur l'agence Moody's. Selon la SEC, l'agence américaine a préféré cacher cette erreur plutôt que d'y remédier immédiatement. Ainsi, en août 2010, la SEC écrivait dans un rapport : "Un comité de notation de Moody's s'est prononcé contre la proposition de corriger les notes, en partie à cause de craintes que cela puisse avoir des conséquences négatives sur la réputation de Moody's."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.