Boycott de la Conférence des territoires : "Nous demandons à l'État de faire un effort de solidarité"
Dominique Bussereau, président de l'association des départements de France, a expliqué, jeudi sur franceinfo, les raisons du boycott de la Conférence nationale des territoires par les associations d'élus des régions de France, des départements de France et des maires de France.
La Conférence nationale des territoires se tient jeudi 12 juillet à Paris. C'est un rendez-vous semestriel et le troisième du quinquennat. Au cœur des discussions, une question : comment façonner la position française sur la future politique de cohésion de l'Union européenne ?
Trois associations d'élus boycottent pourtant la Conférence : les régions de France, les départements de France et les maires de France. Le problème n'est pas le sujet des discussions, mais "la manière dont le gouvernement, ou plus exactement la haute administration, se sont comportés à notre égard ces dernières semaines", explique Dominique Bussereau, président de l'association des départements de France et président du conseil départemental de la Charente-Maritime.
franceinfo : La politique de la chaise vide est-elle utile ?
Dominique Bussereau : C'est malheureusement utile. Je dis "malheureusement", parce que les sujets qui seront discutés nous intéressent, nous avons des choses à dire. Cette Conférence des territoires, nous l'avions demandée l'an passé, au moment de la campagne de l'élection présidentielle, à tous les candidats, dont Emmanuel Macron. Ce n'est donc pas le principe qui nous gêne, c'est la manière dont le gouvernement, ou plus exactement la haute administration, se sont comportés à notre égard ces dernières semaines.
Nous avions un accord avec le gouvernement qui l'a brutalement rompu.
Dominique Bussereau
Par exemple, sur les communes, avec la taxe d'habitation sans être précis sur la manière dont elle peut être remplacée, avec des conséquences pour les départements. Pour les régions, c'est la formation professionnelle et l'apprentissage. Pour nous, c'est la solidarité sociale. Pour toutes ces brouilles, nous ne nous rendons pas à la Conférence des territoires, mais, je le répète, sans plaisir. C'est une obligation.
Est-ce une question d'argent ?
Ce n'est pas seulement de l'argent. C'est d'abord de la considération. Notre constitution dit à la fois que notre République est une et indivisible, mais aussi, depuis Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin, qu'elle est incentralisée. Or, nous assistons actuellement de la part de la haute administration, plus que du gouvernement, à des formes de recentralisation. Elles ne nous paraissent pas de bonne démocratie et de bonne efficacité pour faire fonctionner la boutique République française. C'est vrai qu'il y a aussi des questions d'argent. Nous accueillons beaucoup de mineurs non-accompagnés qui arrivent de partout en France et qui sont gérés par les départements. Ça nous a coûté 1,25 milliard l'an passé et cette année c'est à peu près 11 milliards de prestations sociales, y compris celles que je viens de citer, que l'État ne va pas rembourser aux départements. Nous demandons à l'État de faire un effort de solidarité.
Espérez-vous une évolution de la situation durant l'été ?
L'été, on prend tous de bonnes résolutions qu'on tient plus ou moins à la rentrée ! On ne peut pas, dans notre République, fonctionner les uns sans les autres. Tous les projets sont co-financés par l'État et les collectivités. Ça fonctionne toujours comme ça, donc il faudra bien à un moment que le dialogue reprenne, et comme le gouvernement a manifesté des actes de rupture, il faut trouver avec lui des moyens de se remettre autour d'une table, à l'automne. Mais ces moyens, en ce jour de juillet, ne sont pas encore acquis.
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