Dégradation des finances publiques : Bruno Le Maire réfute toute "faute" ou "dissimulation" et renvoie la responsabilité au gouvernement actuel
Après sept ans à Bercy, Bruno Le Maire a tenu à dire "sa vérité" sur sa gestion du budget de la France. Auditionné devant la commission des Finances du Sénat, l'ancien ministre de l'Economie a réfuté, jeudi 7 novembre, toute "faute", "dissimulation" ou "volonté de tromperie" face à l'importante dégradation des finances publiques. Durant trois heures, il a renvoyé la responsabilité au gouvernement actuel et a reconnu une "grave erreur technique d'évaluation des recettes dont nous payons le prix".
Bruno Le Maire a déploré les "attaques" et "mensonges" à son égard depuis "des mois". Le déficit public devrait atteindre 6,1% du PIB en 2024, alors qu'il était initialement prévu à 4,4% dans le projet de loi de finances présenté par l'ancien gouvernement fin 2023. Face à la "dégradation de la conjoncture", cette prévision avait été réévaluée à 5,1% au printemps.
"Quand on me dit que le déficit en 2024 sera à 6,1%, c'est le choix du gouvernement actuel."
Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Economiedevant les sénateurs
"Si toutes les mesures que nous avions préparées avec Thomas Cazenave", l'ex-ministre des Comptes publics, "au mois de juin et de juillet avaient été mises en œuvre sans délai par le nouveau gouvernement" en septembre, "couplé aux mesures de recettes sur les rentes énergétiques et sur les rachats d'actions avec effet rétroactif", "elles auraient permis de contenir le déficit pour 2024 à 5,5% sans augmentation d'impôts". Le gouvernement actuel prévoit de dégager 60 milliards d'euros dans son projet de loi de finances, dont 20 milliards via une augmentation des recettes.
"Effondrement brutal de nos recettes"
La mauvaise santé des finances s'explique selon Bruno Le Maire par les soutiens massifs déployés durant la crise sanitaire puis la période d'inflation, et par un "effondrement brutal de nos recettes" fiscales. Il a mentionné un "trou dans la caisse" de "41 milliards" en 2023 et en 2024. Si ces recettes ont été moindres que prévu, c'est parce que "les modèles de prévision se sont plantés", a-t-il avancé.
Le président de la commission des finances, Claude Raynal, a en outre estimé que le gouvernement disposait très tôt de notes internes qui pressentaient un dérapage plus net que prévu, et qu'il a tardé à en tenir compte. Début janvier, "j'indique clairement (...) que le plus dur est devant nous", s'est défendu Bruno Le Maire. Ce dernier affirme avoir réagi en annulant 10 milliards d'euros de crédits dès février et un relèvement de la taxe sur l'électricité.
L'ex-ministre a regretté d'avoir échoué à convaincre, au sein de l'exécutif, de la nécessité d'un projet de loi de finances rectificative au printemps pour générer 15 milliards d'euros d'économies supplémentaires, tout en se disant solidaire de cette décision. La perspective des élections européennes explique-t-elle ce choix ? "Vous aurez d'autres auditions pour poser ces questions", a éludé l'ancien ministre.
L'ancien ministre des Comptes publics a quant à lui été auditionné jeudi après-midi. Face aux sénateurs, Thomas Cazenave a développé un argumentaire similaire à celui de Bruno Le Maire, mettant principalement en cause les pertes de recettes. Les ex-chefs du gouvernement Gabriel Attal et Elisabeth Borne seront, eux, respectivement entendus vendredi à 9 heures et le 15 novembre.
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