Finances publiques : "Quel que soit le prochain gouvernement, il devra réduire notre endettement", avertit Pierre Moscovici

Le premier Président de la Cour des comptes réagit au rapport de la Cour des comptes publié lundi jugeant la situation des finances publiques "inquiétante" pour 2023.
Article rédigé par franceinfo
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Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes,invité sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

"Qui que ce soit qui gouverne demain la France, le prochain gouvernement devra s'emparer de cette situation des finances publiques", avertit lundi 15 juillet sur France Inter Pierre Moscovici, premier Président de la Cour des comptes, alors que la Cour des comptes publie un rapport lundi jugeant la situation des finances publiques "inquiétante" pour 2023. Pierre Moscovici estime que le prochain exécutif "devra réduire notre endettement".

Il reconnaît que la situation politique actuelle, une semaine après le second tour des élections législatives anticipées, "n’est pas simple", mais il insiste sur la nécessité de "sortir de l’impasse politique". Pierre Moscovici rappelle que la "dette publique est de 3 100 milliards d’euros et sera probablement de 3 600 milliards d’euros en 2027". Le premier président de la Cour des comptes estime qu’en 2027 la France devra "payer 80 milliards d’euros" pour rembourser cette dette publique, ce qui risque d’empêcher toute "marge de manœuvre pour faire de l’éducation, de la justice, de la sécurité et pour financer la transition écologique". "Qu’on soit de gauche ou de droite, on doit savoir qu’un État endetté est un État paralysé", lance-t-il.

Pierre Moscovici considère justement que "réduire la dette publique n'est pas une politique de gauche, ni de droite, c'est un impératif". "Il faut que la situation politique trouve une solution, mais que dans cette solution il y ait une [réponse] à la situation de finances publiques", martèle-t-il. Le premier président de la Cour des comptes explique donc que le "prochain gouvernement devra présenter un plan de réformes à la Commission européenne, préparer le projet de loi de Finances et le prochain projet de loi de Finances de la Sécurité sociale et élaborer sa propre trajectoire de finances pour 2027".

"Trois façons de réduire le déficit"

Le patron de la Cour des comptes balaie d’un revers de la main l’idée de miser sur l’austérité pour répondre à cette situation des finances publiques et refuse "d’augmenter massivement le niveau des prélèvements obligatoire, qui est déjà l’un des plus importants d’Europe". Il considère que l’austérité "appauvrit, dessèche et crée des révoltes qui se traduisent en certains votes". Il évoque donc "trois façons de réduire un déficit : la croissance, la fiscalité qui a ses limites et la maîtrise des dépenses". Pierre Moscovici estime que des économies sont également possibles, invitant à "taper sur les dépenses les moins efficaces, celles qui créent le moins de croissance". Il précise que l’effort doit aussi être "partagé justement entre les différents niveaux [que sont] l’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale". Afin de permettre le financement de la transition écologique, qu’il juge indispensable, Pierre Moscovici propose une "taxation carbone", assortie "de subventions pour les plus fragiles [qui permette] d’éviter ce qu’on a connu au moment de la crise des Gilets jaunes". "La transition écologique, on n’y coupera pas et il ne faut pas y couper, c’est vital", insiste-t-il.

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