"Il y a une erreur de stratégie" : après l'annonce du budget 2025, plusieurs députés se préparent à modifier la copie du gouvernement à l'Assemblée

Des députés de plusieurs bords déplorent le projet de loi de finances de 2025 présenté jeudi par le gouvernement. Parmi les mesures qui font grincer des dents, les hausses d'impôts ou les baisses des dépenses publiques.
Article rédigé par franceinfo
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Laurent Saint-Martin et Antoine Armand, respectivement ministre du Budget et ministre de l'Economie, lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2025, à Paris, le 10 octobre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le gouvernement a présenté le budget 2025, jeudi 10 octobre. Un exercice d'équilibriste pour le Premier ministre Michel Barnier dans un contexte de forte dégradation des finances publiques françaises. Revalorisation des pensions reportée, postes de fonctionnaires supprimés, hausses d'impôts pour les plus fortunés et les entreprises qui réalisent le plus de bénéfices... De nombreux dispositifs prévus dans le texte font tiquer voire bondir les députés. 

Les élus à l'Assemblée considèrent d'ailleurs ce budget comme une ébauche et veulent l'améliorer. Même les députés macronistes ne sont pas totalement convaincus, par exemple Mathieu Lefèvre : "Je trouve que la barque est un petit peu chargée sur les impôts, c'est plus important ce qu'avait fait en montants François Hollande en 2012."

Et l'élu ne veut pas en rester là : "J'espère que le débat parlementaire permettra de troquer ces hausses d'impôts contre des baisses de dépenses." Mais les baisses de dépenses c'est justement ce qui fait bondir la gauche.

"Il y a beaucoup de choix qui vont faire très mal"

"C'est un budget qui est sombre pour les Français, particulièrement les classes moyennes et les classes défavorisées, regrette l'Insoumis Eric Coquerel, président de la commission des finances. Sur les questions de l'écologie, de l'éducation nationale et de la santé, les baisses prévues sont insupportables."

"Il y a une erreur de stratégie dans ce budget" a dénoncé sur franceinfo Laurent Baumel, député socialiste d'Indre-et-Loire et membre de la commission des finances."Je comprends cette volonté de réduire ce déficit, mais il faut s'attaquer aux raisons pour lesquelles les déficits ont cru", a-t-il ajouté. "C'est parce que pendant toute la période où Emmanuel Macron a présidé aux destinées du pays, il y a eu une stratégie de baisse massive et structurelle d'impôts sur les plus aisés, les plus riches, les grandes entreprises", a dénoncé le député.

"On s'attaque aux dépenses publiques et à des tas de dépenses qui vont contribuer à freiner la croissance et mettre beaucoup de gens dans les classes populaires et moyennes en difficulté, a-t-il déploré. Il y a beaucoup de choix qui vont faire très mal."

Le RN brandit la menace de la censure

Le Rassemblent national n'est pas davantage convaincu. Le député Jean-Philippe Tanguy attend de Michel Barnier qu'il intègre des idées du RN : "Si le gouvernement n'entend pas raison et ne modifie pas sa copie avec les propositions concrètes du RN, nous irons sans doute vers la censure." Selon lui, "c'est un budget de facilité, qui reprend toutes les erreurs des cinquante dernières années".

"Il n'y a pas de redressement des finances publiques", juge le député de la Somme, parce que "la dépense publique continue d'augmenter au-dessus de l'inflation". Selon lui, ce sont surtout les Français qui vont "perdre en pouvoir d'achat", avec notamment l'augmentation des prélèvements obligatoires pour certains contribuables et le gel de l'indexation des retraites.

"Il est impossible d'accepter la copie telle qu'elle est aujourd'hui."

Jean-Philippe Tanguy, député RN

à franceinfo

"Où sont les efforts sur la bureaucratie, le mille-feuille administratif, l'immigration ou encore la contribution à l'Union européenne ?", interroge l'élu RN qui ne votera pas ce budget tel quel. "Supprimer 4 000 postes d'enseignants mais ne pas s'attaquer à la bureaucratie, ça m'énerve", lance-t-il.

"Le Parlement peut améliorer" le budget, assure Michel Barnier, tout en préservant les équilibres. Le chef du gouvernement, qui va demander un effort de 60 milliards d'euros aux Français, doit résoudre une équation très complexe : donner des gages à la fois à la gauche et l'extrême droite pour éviter que les deux formations ne s'unissent sur une motion de censure.

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