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CETA : "Ce serait encore plus dangereux de ne rien faire" et de "laisser le monde aux mains des Etats-Unis et de la Chine"

Alors que les députés doivent décider mardi de la ratification ou non du traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, la porte-parole et vice-présidente du Medef, Dominique Carlac'h, reconnaît que certains points du CETA demeurent flous. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants opposés au CETA le 16 juillet 2019 à Paris.  (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Les députés français doivent se prononcer, mardi 23 juillet, sur le CETA, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. Lundi 22 juillet, l'ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot a présenté le traité comme incompatible avec la protection de l'environnement. "Non, les traités de libre-échange ne nuisent pas forcément à la lutte contre le dérèglement climatique", a répondu sur franceinfo Dominique Carlac'h, porte-parole et vice-présidente du Medef.

"Cela serait encore plus dangereux de ne rien faire. Si on ne laisse pas l’Europe négocier avec les autres, de fait, on laisse le monde aux mains des États-Unis et de la Chine", a-t-elle ajouté. Dominique Carlac'h a toutefois reconnu qu'"on est dans le flou" sur les données scientifiques pour définir des normes de sécurité alimentaire.

franceinfo : Défendez-vous la ratification de ce traité ?

Dominique Carlac'hJ’aimerais qu'on évite les caricatures et l’hystérisation des débats. Non, les traités de libre-échange ne nuisent pas forcément à la lutte contre le dérèglement climatique. Il faut rappeler quand même que dans ce traité du CETA, il y a la clause de respect de l’accord de Paris. On n'oppose pas le libre-échange à l’écologie, on n’oppose pas le commerce à l’environnement. Ça serait encore plus dangereux de ne rien faire. Si on ne laisse pas l’Europe négocier avec les autres, de fait on laisse le monde aux mains des États-Unis et de la Chine. Plutôt que le protectionnisme commercial de la lutte des Américains contre tous les autres, dont l’Europe et dont la France, on préfère un système multilatéral où on se dote communément de règles et de respect des règles réciproques. 

Des échanges existent déjà entre l’Europe et le Canada, que peut changer ce traité ?

Il y a trois grandes différences. La première différence, c'est que le monde économique va pouvoir être favorisé parce que 98% des produits qui seront exportés vers le Canada n’auront plus de droit de douane. On note déjà depuis un an, plus 7% d’exportations européennes vers le Canada et 5% d’exportations françaises et cela touche tous nos secteurs clés. La grande différence, c’est qu’on facilite les exportations là où on n’est pas toujours champion dans les exportations. Il y a d’autres raisons, purement stratégiques. On oppose un système replié sur soi à un système multilatéral où on se fixe des règles ensemble. Depuis un an, dans le secteur des céramiques, il y a plus 43% d’exportations vers le Canada. La céramique, c’est tout le monde du bâtiment, de la construction et tout le monde manufacturier qui va avec. Prenons un autre secteur souvent polémique, l’agriculture. Depuis un an, la balance commerciale vers le Canada est en train d’exploser. On vend plus de fromages, plus de vins, plus de fruits vers le Canada. Il y a la question du bœuf qui semble faire peur à l’agriculture. Il faut rappeler que les quotas autorisés d’importation du bœuf au Canada, c’est 65 000 tonnes, ce qui représente 0,8% du marché européen, et fait 2,4 grammes par semaine.

Si l'Europe s'est dotée de nombreuses règles de protection, c'est en partie après l'épisode de la vache folle dans les années 1990. Ces règles ne sont pas en vigueur au Canada, n'est-ce pas un problème ?

Dans le CETA, il est bien précisé que les exportations canadiennes devront respecter les normes de sécurité alimentaire de l'Union européenne. Il y a un gouvernement qui demande des analyses scientifiques précises. Là on est effectivement dans le flou. Nous, les entreprises, on discute aujourd’hui de manière ouverte et continue avec les ONG. Ce que l'on demande, c’est de se mettre d’accord sur les données scientifiques sur lesquelles on doit se montrer vigilant. On veut des garanties avec des données scientifiques.

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