Les pénuries touchent de plus en plus d'articles : "30 à 40% de produits manquent", s’inquiète le secteur de la chaussure
À l'image de l'automobile qui doit faire face à un déficit de puces électroniques, d'autres secteurs sont menacés de pénurie en raison de délais de livraison alongés ou de l'augmentation des prix du transport.
La température baisse, la pluie menace… D’ordinaire la météo automnale est une aubaine pour les marchands de chaussures et bottes fourrées. Mais cette année, le directeur financier de Chaussea n’est pas totalement serein. Il manque dans ses boutiques, un quart de la nouvelle collection : "Il y a effectivement un retard très très important au niveau des approvisionnements, à peu près deux mois de retard, explique Richard Sibour. Beaucoup de marchandises n’ont pas été réceptionnées sur la collection 2021. Des bottines pour femmes, des sneakers, des chaussures pour garçons… Par contre, pour les petites filles, on a reçu. Ça dépend des fournisseurs. Ça veut dire que pour l’instant, ça va. Notre inquiétude est pour les mois qui vont venir."
"Il risque de vraiment y avoir une pénurie sur le mois de novembre."
Richard Sibour, directeur financier de Chausseaà franceinfo
"Ce qui est inquiétant dans cette crise, c’est : Est-ce que ça va durer ou pas ?, s'interroge Richard Sibour, qui le concède : On ne sait pas."
La logistique est grippée depuis un an déjà. 420 millions de paires de chaussures sont vendues chaque année en France, mais seulement 20 millions sont produites dans le pays. Le coût du transport maritime a été multiplié par dix, les ports en Asie sont congestionnés. Frank Boehly, président de la Fédération des enseignes de la chaussure, a le sentiment que les commandes américaines sont toujours prioritaires et l’Europe servie en dernier. "J’entends beaucoup dire ‘le problème va se résoudre’. En fait, les armateurs se retrouvent dans une situation extraordinairement favorable c’est-à-dire qu’avec moins de trafic, vu l’augmentation des prix, ils gagnent beaucoup plus d’argent, explique Frank Boehly. Un trajet prend un mois, deux mois de retard, voire trois mois, et c’est pour ça qu’aujourd’hui, on a une pénurie. C’est de l’ordre de 30 à 40% de produits qui manquent."
Beaucoup de produits potentiellement concernés
La pénurie est déjà une réalité en matière de puces électroniques, de vélos, d’étagères suédoises ou de matériaux de construction. Aujourd’hui, elle touche aussi des vêtements dans les rayons de la fast fashion, des équipements sportifs mais en fait, elle pourrait toucher tout produit, même alimentaire. En cause là, l’emballage. "Les clients qui avaient l’habitude de se faire livrer en 15 jours-trois semaines, ont à faire face à des délais de livraison qui peuvent être deux à trois fois plus importants, dans certains cas, peut-être même jusqu’à l’année prochaine. Tout dépend en fait de la sorte de papier-carton utilisée, détaille Paul-Antoine Lacour, délégué général de la Copacel, les producteurs de papiers et de cartons. Mais d’une manière générale, on constate des allongements des délais de livraison, c’est certain." À dix semaines de Noël, ça complique tout. Mais après les fêtes, seconde épreuve : il faudra faire admettre une augmentation des prix généralisée.
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