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Crise des éleveurs : après le plan d’urgence, levée partielle des barrages

L’annonce mercredi des 600 millions d’euros débloqués par le gouvernement a convaincu une partie des éleveurs mobilisés de lever les barrages. D'autres, déçus par les mesures présentées, ont décidé de poursuivre leur action notamment autour de Lyon dont plusieurs accès sont bloqués.
Article rédigé par franceinfo
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  (Quatre heures après l'annonce du plan d'urgence, les éleveurs de Caen lèvent les barrages en place depuis lundi matin © RADIOFRANCE | Noémie Bonnin)

 A Caen, au Mont-Saint-Michel, à Rouen, à Saint-Malo, tous attendaient fébrilement depuis l’aube ces mesures promises par le ministre de l’Agriculture. A la mi-journée mercredi, l’annonce est tombée : Stéphane le Foll a détaillé le plan d’urgence de l’Etat à destination des éleveurs en difficulté. Ce plan de 24 mesures prévoit notamment une restructuration des dettes, l'allègement et des reports d'impôts, un redressement des cours et des prix, soit un effort global de 600 millions d'euros.

 

On attendait alors un mot d’ordre national, notamment de la part de la FNSEA, le principal syndicat agricole. Mais la réaction a été très mesurée : le plan "va dans le bon sens" même si les mesures restent "insuffisantes" sur le long terme, a assuré son président Xavier Beulin, sans appeler à lever les barrages. 

 

 

Mise à l'épreuve

C’est finalement FDSEA du Calvados qui a donné le signal. "Je propose qu’on suspende le mouvement " a déclaré dans l’après-midi Jean-Yves Heurtin, son président. "Il faut que l’on mette à l’épreuve le ministre dans ses engagements et nous aurons un nouvel échange à la fin de l’été " a-t-il déclaré devant les éleveurs du département qui bloquaient les accès à Caen depuis lundi matin. Aussitôt, les tracteurs ont commencé à se ranger sur le côté de la route, laissant passer les poids lourds qui, pour certains, étaient bloqués depuis lundi matin.

 

"Je vous demande de nous faire confiance" dit Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados

Un mot d’ordre suivi par les éleveurs du Morbihan qui ont suspendu leur mouvement pour 24 heures. Idem dans les Côtes-d’Armor avec la fin des blocages à Dinan et Loudéac. En fin d’après-midi, le Mont-Saint-Michel était de nouveau accessible. Et à Abbeville, dans la Somme, les barrages ont également été levés.

 

Mais c'est la mort dans l'âme que certains éleveurs suivent le mot d'ordre de leur syndicat. Kévin par exemple était sur les barrages autour de Caen depuis lundi. Et il craint le pire : "déjà qu'on a mis six semaines à regrouper autant de monde, ça va être difficile d'à nouveau regrouper du monde si les promesses ne sont pas tenues ", regrette-t-il.

 

"Le problème n'est pas résolu" estime Kévin, agriculteur normand

Nouveaux blocages

Au contraire, dans certains départements, les éleveurs ont décidé de poursuivre leurs actions, mécontents des mesures annoncées. C’est le cas dans la Vienne, où les agriculteurs dorment mercredi soir sur les principaux barrages. Dans les Deux-Sèvres, douze sites sont bloqués : abattoirs, laiteries et bases de livraisons de supermarchés. Le pont qui mène à l'île d'Oléron est barré depuis le début d'après-midi. Des actions en cours également en Bourgogne, avec une soixantaine de tracteurs qui bloquent les accès à Chalon-sur-Saône alors que François Hollande est attendu jeudi à Djion pour rencontrer le monde agricole en préfecture. Les agriculteurs de l'Yonne seront eux mobilisés dès 8H30 jeudi à l'abattoir de Migennes et devraient se rendre ensuite à la laiterie Yoplait de Monéteau. A Clermont-Ferrand, le blocage de cinq points d'entrée de la ville se fera jeudi matin.

 

 

Le gros point noir est prévu autour de Lyon avec des barrages dressés dès mercredi soir par les éleveurs de Rhône-Alpes. Tous les points autoroutiers stratégiques d'accès à la deuxième agglomération du pays sont barrés. "C'est comme si on mettait un pansement sur une plaie infectée. Au bout d'un moment, ça colle plus "  estime Sébastien Mazallon, président des Jeunes Agriculteurs du Rhône qui estime que le combat doit continuer.

"Ca nous aidera à tenir une année mais l'année prochaine ce sera la même problématique" selon Sébastien Mazallon, président des Jeunes Agriculteurs du Rhône

Des actions qui ne sont pas prévues pour durer et devraient prendre fin dès jeudi soir, avant un week-end de départ en vacances. "On n'est pas inconscients et bloquer Lyon, ce n'est pas comme bloquer Caen ", assure-t-on à la FRSEA de Rhône-Alpes. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, est par ailleurs attendu au niveau de Limonest sur l'A6, au nord de Lyon, jeudi en fin de journée. 

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