Crise du porc : nouvelles mobilisations des éleveurs bretons

Les appels à l'apaisement et au travail "collectif" lancé ce jeudi par Stéphane Le Foll n'ont pas suffi à calmer la colère des éleveurs : ils se sont à nouveaux mobilisés dans la soirée à Guingamp, et à Morlaix. Une centaine d'agriculteurs se sont réunis devant la permanence du député PS Gwenegan Bui, et devant la sous-préfecture du Finistère, alors que le député et le préfet sont en vacances hors du département.  La mobilisation, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, a été encadrée par 80 CRS. Les producteurs sont venus avec deux tracteurs, une benne et une truie.

"Je crois que je vais ressortir mon bonnet rouge"

"Toute la filière viande et lait est prête à exploser, je crois que je vais ressortir mon bonnet rouge de 2013" , a  annoncé un éleveur de vaches laitières venu soutenir les éleveurs porcins. Un autre se dit "consterné " de l'absence de prise de position de la part de Stéphane Le Foll ce jeudi.

Pour le ministre de l'Agriculture, chacun des acteurs du secteur doit prendre sa part de responsabilité dans la crise du prix du porc. Mais ce jeudi, il n'y a pas eu de cotation au marché de Plérin en Bretagne : les deux principaux industriels, Cooperl et Bigard, ont encore refusé de payer le porc à 1,40 €/kg, prix fixé par le gouvernement.

Pour Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes d'Armor, le gouvernement doit s'engager fermement : "Qu'est-ce qu'on fait des porcs qui devaient être achetés par Cooperl cette semaine ? On ne peut pas déroger au prix d'1,40 €/kg. En dessous, c'est la mort des élevages. C'est à l'Etat de régler ce problème-là."

Stéphane Le Foll, a expliqué qu'il ne disposait d'aucun levier juridique pour forcer la cotation à reprendre sur le marché de Plérin, car il s'agit d'une association type loi 1901 dont seuls les adhérents peuvent prendre les décisions. Il a toutefois affirmé que le patron de Bigard lui avait promis d'acheter cette semaine 90.000 porcs au niveau national, comme il le fait d'habitude, au prix revalorisé de 1,40 euro/kilo demandé par les éleveurs. Les porcs habituellement achetés par l'entreprise à Plérin seront achetés dans d'autres endroits.

Les éleveurs en appellent à Manuel Valls 

Les éleveurs porcins bretons en ont appelé vivement à Manuel Valls jeudi pour qu'il intervienne directement dans la nouvelle crise qu'ils traversent après l'annonce d'une deuxième suspension de la cotation jeudi au Marché du porc breton (MPB) à Plérin (Côtes-d'Armor) qui les place dans une situation "inextricable". 

Sans exclure des actions locales, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, s'est néanmoins refusé à lancer un appel national à la mobilisation. "Les producteurs sont essoufflés, plus qu'essoufflés d'un point de vue trésorerie ", a ajouté Michel Bloc'h, président de l'Union des groupements de producteurs de viande en Bretagne.

Ce nouveau rebondissement de la crise agricole menace de s'étendre de nouveau à tous les secteurs de l'élevage.  Depuis jeudi matin une centaine d'agriculteurs, toutes productions confondues, sont rassemblés devant la préfecture du Calvados à Caen avec des remorques de déchets qu'ils menacent de déverser.  Les éleveurs ont aussi mené des actions en Mayenne, ce jeudi soir, en ciblant des magasins discount. Dans le Finistère, une autre centaine de producteurs de porcs ont mené mercredi soir une action symbolique devant la permanence d'un député, à Plabennec.

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