Trois questions sur la signature de l'accord de fin de conflit en Guyane
A la veille de la présidentielle dans ce territoire, un accord a été signé, vendredi 21 avril, entre le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" (Pour que la Guyane décolle), les élus et l'Etat.
Le mouvement social qui paralysait la Guyane depuis plus d'un mois s'est achevé, vendredi 21 avril, avec la signature d'un accord de fin de conflit entre l'Etat, les élus et le collectif qui pilotait la mobilisation. Cet accord met donc fin aux barrages routiers, à l'exception pour l'instant de celui bloquant la fusée Ariane à Kourou. Franceinfo revient en trois questions sur la signature de cet accord.
Que prévoit le nouvel accord ?
Ce projet reprend l'ensemble des éléments du plan d'urgence pour la Guyane d'un milliard 86 millions d'euros, présenté par le gouvernement le 1er avril. Par ailleurs, le gouvernement a donné son feu vert pour construire une "cité judiciaire à Cayenne" . Il a également accepté que la question de la "rétrocession totale" des terres soit discutée "lors des prochains états généraux de la Guyane".
Le gouvernement acte aussi que l'Etat "fera l'objet d'une saisine, par le congrès des élus de Guyane", sur une "évolution statutaire" du territoire. Sur le foncier, l'Etat s'engage aussi "à céder gratuitement 250 000 hectares à la collectivité territoriale guyanaise et aux communes de Guyane", et 400 000 hectares aux Amérindiens et Bushinengués. Le collectif a aussi obtenu la garantie qu'il n'y aurait aucune poursuite envers "les signataires de l'accord".
Enfin, dans cet "Accord de Guyane", l'Etat s'engage à examiner la demande des 2,1 milliards d'euros de financement de mesures complémentaires adressée par le collectif et les élus, précise Guyane 1ère.
Quelles sont les réactions ?
A Cayenne, le porte-parole du collectif, Davy Rimane, s'est félicité de l'accord. "On a réussi à ce que le protocole paraisse au Journal officiel. Maintenant on pourra travailler avec ce document et aller en justice si on n'est pas satisfaits", a-t-il expliqué.
Dans un communiqué, la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a salué cet accord, évoquant "une journée déterminante pour l'avenir de la Guyane". Pour le préfet de Guyane, Martin Jaeger, il s'agit d'un "acte fondamental pour la Guyane. Il trace des ambitions. A nous de le faire vivre avec sérieux, conscience".
Mais certains membres du collectif se sont fait menaçants. "Une fois que le prochain gouvernement sera en place, dès le premier jour, on va entrer en action. L'Etat nous doit sept milliards et pas deux", a asséné Olivier Goudet, membre du mouvement des "500 frères", dont la particularité est de défiler cagoulés.
Pourquoi reste-t-il des barrages ?
A Kourou, le giratoire à l'entrée du centre spatial guyanais reste bloqué par des militants. Ils réclament "un courrier de la ministre de la Santé" pour acter par écrit "le passage en secteur public du Centre médico-chirurgical de Kourou". Le PDG d'Arianespace estime que chaque jour de blocage coûte "jusqu'à 500 000 euros par jour" à la société de lancements spatiaux et ses partenaires.
Par ailleurs, très mobilisés depuis le début, le collectif des autochtones de Guyane s'est désolidarisé du mouvement, tout comme des groupes socio-professionnels, qui ont dénoncé vendredi "l'absence de représentativité et de légitimité du signataire" de l'accord signé dans le domaine socio-économique.
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