Colère des agriculteurs : bloquer le fret alimentaire, "assécher" les grandes surfaces... La Coordination rurale veut durcir le mouvement

Le deuxième syndicat agricole appelle à faire monter la pression sur le gouvernement via des actions fortes, une méthode qui contraste avec celle de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs.
Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un représentant de la Coordination rurale, devant des panneaux de villes, des pneus et divers déchets déversés devant la préfecture du Lot-et-Garonne, le 19 novembre 2024 à Agen. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Les manifestations d'agriculteurs prennent de l'ampleur. Ils se mobilisent contre le projet d'accord avec le Mercosur et le manque de réponse à leur colère de la part du gouvernement. Le deuxième syndicat agricole, la Coordination rurale (CR) appelle depuis mardi à bloquer le fret alimentaire. Cela s'ajoute aux rassemblements sans blocage organisés par l'alliance majoritaire, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA).

Cette différence de méthode s'explique aussi par la campagne pour les élections professionnelles en janvier. La coordination rurale tient justement son congrès annuel au Futuroscope, près de Poitiers. Une méthode forte assumée pour tenter de faire concurrence à l'historique FNSEA. Parmi les actions annoncées, il y a notamment le blocage du fret alimentaire, en bloquant, par exemple, le transport des marchandises ou les centrales d'achat.

L'idée est alors de tenter d'"assécher" les grandes surfaces. "Affamer le pays, il va falloir plusieurs jours, mais on va essayer de tenir le plus longtemps possible, ça c'est sûr", lance Laëtitia Plumat, membre du comité de direction de la Coordination rurale, qui assume le côté radical. 

Invitée de franceinfo, Karine Duc, de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, l'assure : "Nous allons intensifier les points de blocage et les manifestations", dès le 20 novembre, après que des représentants des agriculteurs, opposés aux accords du Mercosur, ont été évacués de la préfecture de force, mardi soir, à Agen. "C'est la deuxième fois qu'on est reçus à la préfecture cette année. Cette fin de non-recevoir et cette absence totale de réponse, c'est totalement insupportable", réagit-elle. Avant de conclure : "Le combat continue. Nous continuons à être extrêmement mobilisés. Ce n'est pas parce qu'il y a eu une défaite que le combat est terminé". 

Contraste avec la FNSEA

François Turpeau est, lui aussi, d'accord pour aller plus loin que l'hiver dernier. Il est vice-président de la chambre d'agriculture de la Vienne, l'une des trois tenues par la CR. "En début d'année, on a bloqué des routes, c'est tout ce qu'on a fait, résume-t-il. On est allés à Rungis. 

"In fine, la situation a empiré, donc on pousse les agriculteurs à aller vers la méthode forte."

François Turpeau, vice-président de la chambre d'agriculture de la Vienne

à franceinfo

Une position qui contraste avec celle de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs. L'alliance largement majoritaire demande à ses manifestants de ne s'en prendre ni aux biens ni aux personnes. C'est justement pourquoi la crise agricole persiste, selon Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale. "La FNSEA est aujourd'hui liée à tout l'agroalimentaire, et forcément elle ne peut pas s'opposer à ceux-là mêmes qui aujourd'hui ne nous payent plus. Donc nous sommes là justement pour retrouver notre liberté", avance-t-elle.

Véronique Le Floc'h espère que la stratégie sera payante en janvier pour conquérir d'autres chambres d'agriculture au fort pouvoir d'influence.

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