Colère des agriculteurs : "Le maintien de l'ordre en France" est "très politique", estime le délégué CRS du syndicat Alliance
"Le maintien de l'ordre en France, c‘est malheureusement un maintien de l’ordre très politique", a constaté ce vendredi sur franceinfo Johann Cavallero, délégué national CRS du syndicat Alliance. Historiquement les autorités françaises sont assez magnanimes avec les manifestations d’agriculteurs. Les cordons de CRS assistent souvent impassibles au déversement de fumier devant les préfectures. Les actions des agriculteurs de ces derniers jours ne dérogent pas à la règle.
"On en a déjà vu des polémiques sur des jeunes qui cassent les vitrines et que les policiers regardaient. On est habitués. Le maintien de l'ordre en France, c‘est malheureusement un maintien de l’ordre souvent très politique et sujet à polémique", a expliqué le syndicaliste.
Les CRS "ne sont pas proprement engagés"
En attente des annonces du gouvernement, les agriculteurs menacent de bloquer Paris. Les autorités semblent s'y préparer. "Ils travaillent sur un dispositif, mais pour l’instant, on n'a pas plus d'instructions que ça. Les CRS ne sont pas proprement engagés. On travaille dessus, sur une hypothèse. Auquel cas, on répondra présent", affirme-t-il.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré qu’on ne répondait pas à la souffrance en envoyant des CRS. Mais on a assisté à plusieurs débordements ces derniers jours : un bâtiment vide qui a été soufflé par une explosion à Carcassonne, un supermarché recouvert de lisier à Agen dont une partie de la structure s'est effondrée, des camions étrangers vidés de force par des agriculteurs dans la Drôme. "Les préfets ont reçu une instruction du ministre de ne pas intervenir", explique Johann Cavallero. "En tant que syndicaliste, je dirais qu'à partir du moment où les collègues ne sont pas agressés, dans ce cas le commandant de la force publique aura autorité sous sa responsabilité pour intervenir. Lorsqu'il y a dégradation, notamment en préfecture ou sous-préfecture, les collègues ne pourront pas le faire de leur propre initiative", a-t-il expliqué.
La crainte d'une montée de la violence
Encore faut-il avoir les "moyens" d’intervenir pour "dégager les tracteurs", souligne-t-il. Le gouvernement de Pierre Bérégovoy avait fait appel en 1992 à l’armée et ses chars pour faire évacuer les poids lourds de l’A43 dans l'agglomération lyonnaise. Les routiers et les chauffeurs de taxi manifestaient contre le permis à points.
"Même si on déloge les agriculteurs physiquement, qu'est-ce qu'on fait ensuite de leurs engins ?"
Johann Cavallero, délégué national CRS du syndicat Alliancesur franceinfo
Johann Cavallero "comprend" la "situation" des agriculteurs. "On est aussi des citoyens français. On est confronté aussi à tout ce qui est inflation. Donc les mouvements, on les comprend, après la police, c’est un métier ingrat. On est là pour intervenir, si on doit le faire, on le fera", a-t-il précisé. Donc, à ce jour, une adhésion au combat des agriculteurs, mais pas de fusion dans la lutte. Il craint que la violence monte d’un ton : "Si les annonces de cet après-midi ne sont pas à la hauteur de leurs attentes, on risque d'avoir un niveau de violence qui risque de monter" et "les manifestations prendront un autre tour, avec certainement une confrontation plus violente avec un risque de blesser de part et d'autre", a-t-il expliqué.
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