Colère des agriculteurs : "Nous sommes jetés en pâture" par la majorité présidentielle, accuse Michel-Édouard Leclerc
"Aujourd'hui, nous sommes jetés en pâture", se désole, lundi 5 février sur France Inter, Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, alors que des agriculteurs se sont mobilisés près de deux semaines un peu partout en France. Le patron du leader de la distribution accuse par ailleurs "un groupe de députés Renaissance et MoDem" de le "viser personnellement", avec "une usine à tweets" le ciblant.
Michel-Édouard Leclerc pointe du doigt la responsabilité du gouvernement et de la majorité présidentielle : "Toute manifestation paysanne se finit sur les parkings des hypermarchés, c'est une manière pour les pouvoirs publics de dériver les tensions sur des espaces sans trop de population et avec des dégâts modérés." Il évoque des "consignes de manifestation" appelant à "venir dans la grande distribution". Michel-Édouard Leclerc se dit "sacrifié" dans ce genre de situation et regrette de ne pas avoir reçu de "message ni d'appel" de la part du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.
Le président du comité stratégique des centres E. Leclerc juge cette situation "incompréhensible". "Nous ne sommes pas les premiers clients de l'agriculture", se défend-t-il. Selon Michel-Édouard Leclerc, "la distribution n'achète qu'un tiers des produits agricoles français, les industriels un autre tiers". Or il assure que les agriculteurs "ne sont pas allés chez les industriels ni dans la restauration collective".
Michel-Édouard Leclerc assure être "patriote"
Michel-Édouard Leclerc reconnaît avoir "une part de responsabilité" dans cette colère du monde agricole, dont il trouve "une partie extrêmement justifiée". Pour autant, son silence médiatique a été pointé du doigt par les agriculteurs. Ce lundi 5 février, le patron de Leclerc explique son absence dans les médias en assurant ne pas vouloir voulu "ajouter des étincelles". "Ce n'était pas à nous d'aller répondre à la place du ministre de l'Agriculture sur le régime des retraites insuffisant des agriculteurs, sur l'incapacité de négocier de bons accords internationaux comme le Mercosur ou même de définir les surnormes sanitaires", lance-t-il.
Le président du comité stratégique des centres E. Leclerc répond par ailleurs aux accusations des agriculteurs qui reprochent à l'enseigne d'avoir favorisé des produits étrangers au détriment de produits français. Michel-Édouard Leclerc se présente comme "légaliste" et "patriote". Il promet que son groupe n'a jamais enfreint la loi Egalim. Michel-Édouard Leclerc liste ainsi plusieurs produits vendus dans ses magasins : "100% de la viande de porc fraîche de notre marque distributeur est française" tout comme "100% de la viande de bœuf", "100% de nos farines boulangères", "100% des œufs frais". "Sur les fruits et légumes, 75,5% des volumes achetés par l'enseigne sont d'origine française et même 99% des cerises, 96% de nos pommes, 99% pour les poireaux, 94% pour les abricots", détaille le leader de la grande distribution.
Michel-Édouard Leclerc reconnaît cela dit que l'on peut trouver dans les rayons de ses hypermarchés des vins provenant "d'Espagne, d'Argentine ou de Toscane" (Italie). "Qu'il y ait des erreurs d'étiquetage, qu'on trouve individuellement des produits importés, je ne dis pas le contraire", admet-il. Mais le président du comité stratégique des centres E. Leclerc rétorque que la France "n'est pas un pays fermé, cloisonné, ni un pays soviétique". "Si on fait des bêtises, on les corrigera", assure-t-il.
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