Crise agricole : "Ce qui ne marche pas, c'est l’injonction", estime l’ancien ministre de l'Agriculture Julien Denormandie
"Ce qui ne marche pas, c'est l'injonction", estime mardi 6 février sur franceinfo Julien Denormandie, ancien ministre de l'Agriculture et l'Alimentation et co-auteur du livre Nourrir sans dévaster, aux éditions Flammarion, avec l'académicien Erik Orsenna.
Ce proche d'Emmanuel Macron qui a quitté la vie politique en mai 2022 part d'un "constat" : "Nous n'avons pas le choix, notre planète va passer de huit à dix milliards d'êtres humains, le réchauffement climatique vient impacter les terres arables, là où il est possible de cultiver". Mais Julien Denormandie se dit "optimiste", "en croyant dans la recherche agronomique, en écoutant le sol, en prenant soin des écosystèmes".
"Même si c'est difficile", souligne l'ancien ministre, le monde agricole doit s'adapter au changement climatique. "Il faut réussir à produire tout en protégeant", résume Julien Denormandie qui insiste sur "la complexité des choses". C'est pourquoi il estime que "ça ne marche pas" d'imposer des mesures aux agriculteurs, "sans aucune autre prise en considération".
L'ancien ministre assume la réintroduction de néonicotinoïdes en 2020
Ainsi, Julien Denormandie comprend la mise en "pause" du plan Ecophyto, visant à réduire l'usage des pesticides. Cette décision annoncée par le Premier ministre Gabriel Attal, jeudi 1er février, est vivement critiquée notamment par les associations de défense de l'environnement. Julien Denormandie avait dû faire face à des critiques similaires en octobre 2020. Alors ministre de l'Agriculture, il avait porté le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes dans les cultures de betteraves, un insecticide très nocif pour les abeilles. "C'est une décision que j'assume", réagit-il un peu plus de trois ans plus tard.
Julien Denormandie accepte la contradiction. "On se nourrit des désaccords", déclare-t-il. Toutefois, il tient à défendre sa position : "Au moment où on réintroduit ces néonicotinoïdes, on a une filière qui va être à l'arrêt et, ironie ou tragédie, le sucre va être importé de pays y compris européens qui utilisent non seulement ces néonicotinoïdes mais même d'autres produits interdits en France". C'était ainsi selon lui, "un non-sens environnemental". L'ancien ministre estime qu'il faut d'abord "investir dans la recherche, dans ces nouveaux moyens de productions avec des solutions agronomiques, génétiques" avant d'être dans "l'injonction".
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