L'ex-Premier ministre islandais jugé pour sa responsabilité dans la crise bancaire
Quatre ans après l'effondrement du secteur bancaire islandais, Geir Haarde est jugé par une cour spéciale.
Les dirigeants doivent-ils payer pour la crise financière ? Pour répondre à cette question, un tribunal de Reykjavik (Islande) se penche lundi 5 mars sur la responsabilité de l'ex-Premier ministre islandais, Geir Haarde, dans l'effondrement du système financier du pays en 2008. Il devra répondre de "grande négligence" et de "violation des lois sur la responsabilité ministérielle". Retour sur un feuilleton inédit en Europe.
• 2008 : le secteur financier s'écroule
Lorsque la crise financière se répercute sur l'économie islandaise, Geir Haarde, alors chef du Parti de l'indépendance (droite), est au pouvoir depuis mi-2006. Quand le secteur financier islandais implose à l'automne 2008, les trois principales banques du pays détiennent à elles seules des actifs équivalents à 923% du produit intérieur brut (PIB) de l'Islande. Leur effondrement va provoquer un séisme dans l'économie de l'île.
• 2009 : le gouvernement démissionne
L'Islande est déclarée en faillite, la récession frappe et la colère gronde dans ce pays peu habitué aux manifestations. Début 2009, face à la pression populaire, Geir Haarde démissionne avec son gouvernement, rapporte alors L'Express.fr.
• 2010 : les experts accusent
En avril 2010, un rapport d'experts sur la crise islandaise identifie quatre responsables dans le paysage politique. On leur reproche d'avoir conduit à l'effondrement du secteur bancaire. Le rapport pointe l'"extrême négligence de la classe politique", souligne alors L'Express. Geir Haarde, l'ex-gouverneur de la Banque centrale David Oddsson, l'ancien ministre des Finances Arni Mathiesen ainsi que l'ancien ministre des Banques Björgvin Sigurdsson sont accusés "d'avoir laissé flamber, puis s'écrouler les trois principales banques du pays, Kaupthing, Landsbanki et Glitnir, en octobre 2008".
En septembre de la même année, le Parlement estime finalement que seul Geir Haarde doit être jugé pour cette crise. Johanna Sigurdardottir, qui succède à Geir Haarde, se montre d'abord hostile à la mise en accusation de son prédécesseur. Aujourd'hui, elle veut que le procès aille à son terme.
• 2011 : les Islandais ne veulent pas payer pour les banques
En avril 2011, les Islandais sont appelés aux urnes. Ils doivent se prononcer sur le remboursement de 3,9 milliards d'euros réclamés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas après la faillite de la banque Icesave en 2008. Près de 60% des Islandais ont voté "non" à ce plan qui s'étalait jusqu'en 2046, refusant de payer l'ardoise de la banque. En mars 2010, les Islandais avaient déjà massivement rejeté, à 93%, une première version d'un accord, moins favorable pour l'Islande.
La Landsdomur, unique cour habilitée à juger les ministres ou ex-ministres et qui n'avait jamais été convoquée auparavant, a décidé en octobre dernier d'écarter deux des six charges retenues contre Geir Haarde. En novembre 2011, le procès est reporté "à la suite de revirements successifs au sein de la classe politique islandaise", note RFI. Interrogé en juillet dernier, Geir Haarde avait qualifié ce procès de "farce politique mise en scène par de vieux ennemis politiques".
• 2012 : un procès dans un contexte d'amélioration économique
A l'ouverture du procès, lundi, l'ancien Premier ministre a nié tout implication : "Je rejette toutes les accusations et je crois qu'elles sont sans fondement", a-t-il plaidé. Geir Haarde a par ailleurs attiré l'attention de la cour sur le fait que "c'est la première fois" qu'il a la possibilité de répondre sur cette affaire.
"L'erreur qu'il a faite, c'est de ne rien faire", avait résumé au New York Times (lien en anglais) Atli Gislason, membre du Parlement qui a instruit le dossier contre l'ancien Premier ministre.
Quant à l'économie islandaise, elle se redresse doucement, note France 24, qui constate qu'"alors que l’OCDE a promis à la zone euro, lundi 28 novembre, une période de récession en 2012, l'Islande devrait profiter d’une croissance proche de 3%".
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