L'OCDE abaisse sa prévision de croissance pour la France
La France semble être entrée dans une "brève" période de récession en cette fin 2011, une situation qui "exige" un nouveau plan anti-déficits, selon l'OCDE.
L'horizon est sombre pour l'économie mondiale. Dans ses prévisions économiques semestrielles, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a ramené sa prévision de croissance de l'économie française de 2,1 % à 0,3 % pour 2012 et revu à la baisse l'ensemble de ses prévisions pour la zone euro et le monde. Ses principales conclusions en bref.
• France : une récession de courte durée
A 0,3 %, les prévisions de l'OCDE pour la France - les plus mauvaises annoncées à ce jour par une institution internationale - sont bien en-deçà de celles du gouvernement, qui table encore sur 1 % de croissance en 2012. Selon l'OCDE, le pays serait entré en cette fin 2011 dans une récession "de faible ampleur", qui se prolongerait au premier trimestre 2012. Une reprise est espérée pour 2013 à 1,4 %.
"Compte tenu du ralentissement de la croissance économique et de la charge croissante de la dette", atteindre l'objectif d'un retour du déficit public à 4,5 % du PIB en 2012 "exigera de nouvelles mesures de consolidation budgétaire", affirme l'OCDE. L'organisation chiffre cet effort supplémentaire à 0,4 % du PIB, soit près de 8 milliards d'euros, qui s'ajouteraient au montant des deux plans de rigueur de 11 et 7 milliards d'euros annoncés depuis la fin août par le gouvernement.
Selon l'OCDE, les perspectives des créations d'emplois en France se sont également "dégradées", avec un taux de chômage qui devrait franchir la barre symbolique des 10 %, à 10,4 %, fin 2012, avant de se stabiliser en 2013.
• Zone euro : "les décideurs doivent se préparer au pire"
Dans la zone euro, la révision est encore plus sévère : la croissance devrait être de 1,6 % en 2011 puis de seulement 0,2 % en 2012 (au lieu de 2 %). Elle repartirait péniblement l'année suivante, à 1,4 %. L'OCDE craint un éventuel "événement négatif majeur" dans la zone euro qui "dévasterait" l'économie mondiale et plongerait dans la récession l'ensemble des pays riches.
Pour l'OCDE, la Banque centrale européenne (BCE) doit intervenir davantage pour contrer la crise de la dette. "Il faut faire barrage au risque de contagion en augmentant substantiellement les capacités du Fonds européen de stabilité financière, tout en se donnant une plus grande latitude pour mobiliser les ressources de la Banque centrale européenne", explique Pier Carlo Padoan, chef économiste de l'OCDE. Une orientation contraire à l'orientation prise la semaine précédente par les dirigeants européens, qui ont souhaité maintenir l'indépendance de la BCE.
• Monde : une croissance ralentie
Selon l'OCDE, qui a résumé ses différents scenarios en vidéo (en anglais), la croissance mondiale devrait encore ralentir : après 3,8 % cette année (au lieu de 4,2 % prévus auparavant), elle freinerait à 3,4 % l'an prochain. "Nous craignons que les décideurs ne prennent pas la mesure de l’urgence de prendre des initiatives résolues pour parer aux risques réels et grandissants qui menacent l’économie mondiale", prévient Pier Carlo Padoan.
Aux Etats-Unis, la croissance devrait s'établir à 2 % l'an prochain au lieu de 3,1 %. Là aussi, un rebond est espéré en 2013. Le Japon et la Chine devrait aussi connaître un ralentissement, cette dernière restant tout de même à 8,5 % de croissance en 2012.
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