Qu'attendent les marchés du sommet européen ?
FRANCE. La Bourse de Paris a accéléré son repli ce matin. Les marchés financiers sont fébriles, dans l'attente des conclusions du sommet européen. FTVi vous dit pourquoi.
Une nette baisse (-0,97%), après une ouverture presque stable : à l'image des autres places européennes, la Bourse de Paris a accéléré son repli jeudi 28 juin au matin. Car les marchés financiers sont fébriles et ne manqueront pas de réagir aux conclusions du sommet européen de Bruxelles qui a lieu jeudi et vendredi. FTVi liste ce qu'ils attendent de ce rendez-vous.
• Une feuille de route claire
"On sait que l'union bancaire n'est pas pour demain, mais il faut impérativement après Bruxelles une feuille de route claire pour que les marchés ne replongent pas comme à l'été dernier", souligne Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque, interrogé par l'Agence France-Presse (AFP). Entre le 1er juillet et le 1er septembre 2011, le CAC 40 avait chuté de près de 20%.
Le défi est de taille. "Le marché est plutôt pessimiste. Les récentes déclarations des politiques européens ne permettent pas d'isoler d'important consensus", analyse, lui aussi pour l'AFP, Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC. En témoigne le yo-yo des Bourses européennes, qui trébuchent et dépriment depuis mardi.
"Personne ne veut prendre de risque avant de connaître l'issue du sommet", renchérit Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities. "Plusieurs déclarations en Allemagne ont refroidi l'atmosphère (…), selon lesquelles il ne fallait pas attendre beaucoup de résultats du sommet", selon lui.
• Un vrai pacte de croissance
Les dirigeants allemand, français, italien et espagnol se sont mis d'accord, dès vendredi 22 juin à Rome, pour mobiliser en faveur de la croissance 1% du PIB européen, soit 120 à 130 milliards d'euros. "Dans l'immédiat, il faudra vraisemblablement se contenter [de ce] mini 'pacte de croissance', notion (...) qui fait aujourd'hui son retour grâce à la campagne de François Hollande sur la renégociation du pacte de stabilité budgétaire (règle d'or) et l'addition d'un volet destiné à tonifier la vieille Europe", estime Le Nouvel Observateur.
Ce pacte suffira-t-il à calmer les marchés ? "Ils seront peut-être impressionnés une heure ou deux par le communiqué final, puis ils vont dire que c'est trop peu et se fâcher", analyse pour Le Figaro Charles Wyplosz, professeur d'économie à l'Institut des hautes études internationales à Genève (Suisse), spécialiste des questions européennes et monétaires. "Car, sur le plan macroéconomique, l'impact de ce plan de relance sera négligeable. L'argent ne sera pas entièrement dépensé avant douze mois, ni même centré sur la zone euro ; il concerne l'Europe à Vingt-Sept", poursuit-il.
• Des solutions à court terme…
Le sommet des dirigeants européens risque de décevoir s'il n'apporte pas des réponses immédiates à la crise. Les décisions pour parer au plus pressé seront vraisemblablement prises vendredi midi, lors d'un déjeuner des dirigeants de la seule zone euro consacré au sujet. Qui attend des solutions à court terme ? Les marchés, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et son homologue italien, Mario Monti.
1. Pour l'Espagne. Mariano Rajoy a lancé un cri d'alarme mercredi en prévenant que son pays ne pouvait pas continuer "longtemps à se financer" aux taux actuels que lui imposent les marchés, à plus de 6,8%. "Rajoy cherche un changement pour mettre un terme au harcèlement des marchés", expliquait mercredi El Pais (lien en espagnol).
De fait, le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne est repassé jeudi matin au-dessus du seuil des 7%, jugé insoutenable à terme pour un pays. Peu avant 10h30, il a atteint 7,012%, contre 6,872% mercredi soir.
2. Pour l'Italie. La troisième banque d'Italie, et la plus vieille du monde, Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), est aussi en difficulté. Elle a annoncé mercredi qu'elle allait faire appel à une nouvelle aide de l'Etat italien d'un montant de 1,5 milliard d'euros. Dans ce contexte, la tension s'est fait sentir sur le marché obligataire. L'Italie a emprunté mercredi comme prévu 9 milliards d'euros à six mois mais a vu ses taux bondir, tout comme l'Espagne.
"Je suis prêt à travailler avec mes collègues jusqu'à dimanche soir si nécessaire." Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, a annoncé mardi qu'il n'hésiterait pas à prolonger les réunions du sommet européen. L'objectif implicite est de rassurer les investisseurs et de limiter à la casse à l'ouverture, lundi matin.
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