EADS : le pactole des avions ravitailleurs américains s'éloigne
En pleine campagne électorale américaine, c'est bad luck pour EADS. Le candidat républicain John Mc Cain s'est engouffré dans la brêche et demande à l'US Air Force de suivre l'avis de la cour des comptes américaine. Et si les militaires suivent l'avis des magistrats, c'est toute la stratégie d'implantation de l'avionneur européen dans le pré carré de son concurrent Boeing qui est clouée au sol.
La maison mère d'Airbus, partenaire de l'américain Northrop Grumman, avait emporté une victoire surprise il y a moins de trois mois. EADS empochait un contrat de 35 milliards de dollars pour 179 appareils ravitailleurs pour l'armée de l'air américaine, en remplacement des Boeing KC-135 fatigués. Saisi par Boeing, le GAO, dont l'avis est pratiquement toujours suivi par les pouvoirs publics, a recommandé hier à l'armée de l'Air de “rouvrir les discussions” avec les deux groupes.
Le président exécutif d'EADS, Louis Gallois, a avoué sa déception, tout en réaffirmant que l'appareil proposé avec Northrop était de son point de vue “le meilleur”. La décision du GAO repose sur une “évaluation du processus de sélection” et pas sur les mérites de l'offre, a-t-il souligné.
L'obtention du contrat des ravitailleurs représente pour EADS une incursion décisive sur le marché de la défense américaine, qui reste de loin le premier dans le monde à l'heure où les budgets militaires stagnent en Europe. George W. Bush a ainsi réclamé au Congrès plus de 500 milliards de dollars pour le département de la Défense en 2009, dont 104,2 milliards pour financer ses acquisitions d'équipements.
Le contrat avec l'US Air Force est crucial pour Airbus qui souhaite installer une partie de sa production en zone dollar afin d'être moins pénalisé par la vigueur de l'euro. EADS prévoit en effet de délocaliser à Mobile (Alabama) l'assemblage des Airbus A330 cargo, dans la même usine que celle qui est prévue pour les ravitailleurs.
Grégoire Lecalot, avec agences
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