Aides sociales : la Suisse espionne ses bénéficiaires
Comment lutter contre les fraudes aux prestations sociales ? En Suisse, le gouvernement a décidé d'utiliser des détectives pour espionner les salariés en arrêts de travail.
À Lausanne, en Suisse, Antonio vit aujourd'hui dans la crainte et la méfiance. Il n'accepte de témoigner que de façon anonyme. "Aujourd'hui encore, je regarde derrière moi, je fais attention s'il n'y a pas une voiture qui me suit", confie-il. Il a été espionné par un détective privé, mandaté par la Sécurité sociale suisse. C'était en 2015. Ancien carrossier, souffrant d'une maladie auto-immune des articulations, qui l'empêche d'exercer son métier, il a perçu une pension d'invalidité, jusqu'à ce que l'assurance sociale le soupçonne de frauder et fasse appel à un détective.
Des surveillances sans cadre légal
Pendant deux semaines, Antonio est surveillé quotidiennement. "Je trouve cela vraiment inadmissible qu'il y ait autant d'abus, ils ont plus de pouvoir que la police", dénonce-t-il. On le voit notamment porter un carton et un rouleau de papier sur son épaule, images jugées accablantes pour l'assurance. "Depuis ce jour-là, ils ont coupé mes indemnités, ils ont porté plainte au pénal pour escroquerie", explique Antonio. En Suisse, pendant des années, ces surveillances se pratiquaient sans cadre légal. Elles sont interdites depuis l'an dernier, car le pays a été condamné par la Cour européenne des droits de l'homme. Mais l'espionnage pourrait prochainement être autorisé, les Suisses vont se prononcer par référendum.
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