Le deuxième obstacle, c'est le plafond de verre
D'après Dogad Dogoui, le plafond de verre, "C'est un blocage volontaire, un frein apposé par une entreprise ou une administration à ceux venus d'ailleurs, qui ont pourtant toutes les compétences pour grimper dans la hiérarchie. Après l'accès à l'emploi, le plafond de verre est le deuxième handicap que doivent surmonter les gens de minorité ethnique."
Comment expliquez-vous cette réalité ?
"Le contour de la société a évolué. Elle n'est plus blanche : elle est métissée. Certains ont du mal à s'en rendre compte, ou alors ils sont dans l'ignorance, ou alors ils n'ont pas envie de voir la vérité en face. Une partie des dirigeants, de façon délibérée ou inconsciente, n'arrive pas à imaginer un Arabe, un Berbère, un Maghrébin, un Asiatique ou un Noir en position de diriger. Il y a tout un travail de psychologie collective à régler afin de remédier à cette discrimination.
Quelles sont les conséquences du côté des minorités ethniques ?
"Ne voyant pas dans leur environnement une prolifération de cadres à un haut niveau hiérarchique, certains pensent que c'est trop tôt ou incongru. Certains vont jusqu'à l'auto-censure. Ils n'osent pas postuler à un niveau qui est celui de leurs compétences, alors qu'ils sont souvent en tête de leur promotion. Ils préfèrent postuler à un emploi sous-qualifié. J'ai en tête le cas de ce jeune qui a une formation de docteur ingénieur en recherche-développement. Après l'épreuve du recrutement, Il a décroché des entretiens grâce à des CV précisant uniquement sa formation d'ingénieur, et aucun avec la mention "docteur". Il est aujourd'hui en poste en tant qu'ingénieur."
Comment y remédier ?
"Pourquoi ne pas imposer aux entreprises et aux administrations une présentation visuelle de leur équipe de direction ? Mettre les photos des cadres dirigeants dans un rapport annuel, c'est une manière de jouer la transparence et éviter la discrimination lors du recrutement."
En savoir plus
Africagora, créée en 1999, regroupe 160 cadres, chefs d'entreprises, professions libérales et élus locaux de toutes tendances politiques, originaires de 24 pays d'Afrique, Caraïbe et Océan Indien. Elle s'appuie sur un réseau de 3000 sympathisants établis à travers des clubs relais dans 18 villes de l'hexagone luttant contre la discrimination. Elle conçoit et réalise des actions d'aide à l'orientation professionnelle (choix des filières porteuses), de création d'entreprise (gestion de projets) et de parrainage, notamment pour les jeunes diplômés (Talents de la diversité) et les porteurs de projets originaires d'Afrique et d'outremer.
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