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Loi Travail : comment les opposants espèrent relancer la mobilisation

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des manifestants contre la loi Travail à Lille (Nord), le 5 juillet 2016. (JULIEN PITINOME / NURPHOTO)

Après avoir manifesté pendant plus de cinq mois pour le retrait du texte, les opposants se concentrent désormais sur l'abrogation de la loi, pourtant promulguée début août.

"Une loi qui était mauvaise au printemps est toujours mauvaise à l'automne." Après huit mois de combat et malgré une promulgation au milieu de l'été, le patron de la CGT, Philippe Martinez, refuse de rendre les armes. La mobilisation contre la loi Travail doit se poursuivre, a-t-il prévenu mardi 30 août, lors de la rentrée de son syndicat. Dès le retour de vacances, les opposants à la réforme portée par la ministre Myriam El Khomri se préparent à mobiliser leurs troupes. Ils réclament désormais l'abrogation de la loi, adoptée par le Parlement au mois de juillet après un troisième recours à l'article 49.3.

"La loi a été votée en force, mais le désaccord persiste, assure à franceinfo Martin Bontemps, vice-président du syndicat étudiant Unef. On n'est pas du tout résignés, on compte bien continuer à exprimer notre opposition." Surtout, l'intersyndicale – qui réunit CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, UNL et Fidl – sait qu'elle doit faire vite : le gouvernement prévoit de publier une majorité de décrets d'ici la fin de l'année.

"Nous ne lâcherons pas"

Après avoir passé l'été à tracter sur les plages, à envoyer des milliers de lettres de contestation à l'Elysée, et à distribuer des "goodies" durant le Tour de France, les syndicats prévoient une grande mobilisation nationale le 15 septembre. Avec pour but de "marquer le coup". Une quarantaine de manifestations sont déjà prévues ce jour-là, dans plusieurs villes de France.

Ce sera long, mais la bataille de quatre mois que nous avons vécue, inédite sous un gouvernement de gauche et avec beaucoup de colère rentrée, d'amertume, de frustration, va continuer.

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO

sur RTL

D'ici au 15 septembre, des meetings sont également prévus au Havre (Seine-Maritime) et à Nantes (Loire-Atlantique). Fait rare, les responsables de la CGT, FSU, Solidaires et FO tiendront ensemble un grand débat le 10 septembre, lors de la fête de l'Humanité, afin de renforcer l'image unitaire de l'intersyndicale, mais aussi sonder la motivation des opposants.

Du côté des manifestants, plusieurs opérations ont été lancées sur les réseaux sociaux, via le hashtag #Blocus15septembre. Les lycéens comptent "occuper tous les jours une salle dans les lycées" lors de la semaine du 12 septembre, et "bloquer les établissements le 15 septembre pour participer à la manifestation". La mobilisation s'organise aussi au niveau européen : vendredi 2 septembre à 17 heures, un appel à bloquer le ministère du Travail a été lancé, en lien avec le mouvement européen "Blockupy", réunissant tous les pays européens touchés par des politiques d'austérité. 

"Les syndicats belges nous ont contactés pour voir de quelle manière on pourrait œuvrer ensemble", précise Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. Alors que le gouvernement belge met sur la table un projet de loi renforçant la flexibilisation du marché du travail, le syndicaliste voit une "logique à fixer une date commune de manifestations".

Un manifestant contre la loi Travail à Paris, le 5 juillet 2016. (CITIZENSIDE/MARIA CONTRERAS COLL)

Le début d'une bataille juridique

Au-delà de ces mobilisations traditionnelles, le combat devrait aussi se déplacer sur le plan juridique. "C'est une lutte de longue haleine, conçoit Fabrice Angeï, de la CGT, interrogé par franceinfo. Avant le passage de la loi, on ne pouvait faire aucun recours juridique. Maintenant, on ne va pas hésiter." L'intersyndicale veut empêcher la sortie des décrets, en s'appuyant notamment sur les conventions 87, 98 et 158 de l'Organisation internationale du travail (OIT) relatives à la négociation collective, aux libertés syndicales et aux licenciements.

On aidera nos représentants dans chaque entreprise à utiliser tous les outils juridiques possibles, pour qu'ils puissent s'opposer à la mise en œuvre de la loi.

Fabrice Angeï, membre du bureau confédéral de la CGT

à franceinfo

"C'est très laborieux, mais entreprise par entreprise, c'est aussi comme ça qu'on mettra en échec le texte et qu'on fera jurisprudence." Les opposants penchent déjà sur des questions de constitutionnalité, sur le licenciement économique ou la barémisation des indemnités prud'homales.

Remettre la question sociale au cœur du débat

En pleine campagne pour les primaires à droite et à gauche, concentrées sur les questions identitaires et sécuritaires, les opposants espèrent aussi remettre la question sociale à l'agenda. Pendant que le leader de la CGT, Philippe Martinez, dénonce "une course à l'échalote de celui qui va être plus à droite que l'autre", le syndicat Solidaires "est persuadé que la loi El Khomri ne sera pas la dernière loi anti-sociale de cette mandature", déclare Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de Solidaires à franceinfo. Et que "la campagne présidentielle va nous permettre de remettre la question sociale à l'ordre du jour".

Malgré l'ampleur de la tâche, les opposants gardent en tête le précédent du contrat première embauche (CPE), promulgué mais jamais appliqué. Mais il y a dix ans, les organisations de jeunesse étaient très mobilisées. Cette fois, tout en continuant de faire partie de l'intersyndicale, leur présence dans les manifestations a diminué à l'approche des examens. A voir si la trêve estivale n'a pas eu raison de leur motivation.

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